La servante écarlate, Margaret Atwood, avis de Catherine Loiseau

Un avis de lecture de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Couverture
Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l’Ordre a été restauré. L’État, avec le soutien de sa milice d’Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d’un Évangile revisité. Dans cette société régie par l’oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L’une d’elles raconte son quotidien de douleur, d’angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d’une vie révolue, d’un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom.

Ça faisait un petit moment qu’il fallait que je lise ce livre. C’est chose faite et j’ai pris une sacrée claque à la lecture.

Attention, je préviens tout de suite : ce n’est pas une lecture facile. Le style est assez étrange, très lyrique et descriptif par moment, très dépouillé à d’autres. L’histoire n’est pas linéaire vu que Defred, la narratrice, raconte tour à tour son quotidien et ses souvenirs. Beaucoup de choses reposent sur le non-dit, le lecteur est obligé de déduire par lui-même ce qui s’est passé. C’est aussi un roman très sombre, sur la perte de liberté et l’oppression (j’ai dû faire plusieurs pauses à la lecture parce que ça me flanquait le bourdon).

Malgré tout, c’est un livre que j’ai beaucoup aimé et dont je recommande vivement la lecture.

La Servante écarlate est certes difficile d’accès, mais il est très bien écrit. Il brosse le portrait d’une femme qui a connu le monde d’avant et l’indépendance, et qui se retrouve à servir de ventre pour quelqu’un d’autre dans une théocratie brutale. Defred a perdu son mari, on lui a volé sa fille, elle observe, constate, se souvient et tente de ne pas perdre pied.

C’est un personnage très fort, mais qu’on sent parfois brisé, à bout. Elle est très touchante et vraiment émouvante. À travers ses yeux, on voit son quotidien de servante et la vie dans la République de Gilead. Force est de constater que personne ne s’en tire indemne dans ce régime, qui suinte les privations et le désespoir.

Defred se souvient aussi du monde d’avant et de sa chute. Rien n’est clairement expliqué, il faut être attentif et reconstituer bribe par bribe l’histoire complète. C’est l’un des aspects que j’ai beaucoup aimé dans le roman : il faut chercher les explications par soi-même et tenter de comprendre, au travers du témoignage de Defred, à quel moment l’Amérique s’est effondrée pour devenir la République de Gilead.
C’est glaçant d’ailleurs d’établir les parallèles avec notre monde et de se dire qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que ça dérape.

En résumé : un excellent livre, dur et sombre, mais à lire absolument.

— Catherine.