Seul sur Mars, Andy Weir, avis d’Andréa Deslacs

Un avis d’Andréa Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

CouvertureVoilà longtemps que je sais que je m’endors au volant dès qu’on ne me parle pas. Or, j’avais à effectuer un long trajet. Je possède une tablette qui peur être branchée sur une enceinte via un USB, car mon lecteur CD ne lit pas les MP3. Je me suis dit : « et si je m’achetais un audio-book ? ». Mon ami AF Lune m’avait dit du bien de la version audio de « Seul sur Mars ». Je n’avais pas vu le film. Il y a des sites où l’on doit passer par une application, elle passait sur ma tablette. Il existe aussi des sites où l’on peut acheter des versions pour graver sur CD (un peu plus cher). La voix masculine de Richard Andrieux sur les extraits était agréable. Je me suis donc lancée dans cet achat.

Le jeu d’acteur de Richard Andrieux est un régal, il donne vraiment un ton à chaque personnage, il est moins convaincant dans les voix féminines, mais il dote le héros d’une voix joyeuse à moqueuse, avec parfois des accents déprimés lors des drames. Le fait qu’une grande partie du récit est à la première personne du singulier confère encore plus de force à cette lecture.

Le récit est donc celui de Marc, astronaute de la mission Arès III sur Mars, spécialiste de la bidouille électromécanique et de la botanique. Marc est aussi un très bon mathématicien et un optimiste dans l’âme à l’humour singulier, mais contagieux. Marc s’est retrouvé abandonné par son équipe après une tempête sur Mars où on l’a cru mort. Son défi : trouver de quoi manger jusqu’à la prochaine mission Arès IV et d’arriver à rejoindre cette équipe. Sur Terre, on le croit mort un temps, avant de se rendre compte deux mois plus tard qu’il a survécu et de tout tenter pour aller le sauver avant qu’il meure de faim.

Ou de soif. Ou par manque d’oxygène. Ou par trop de gaz carbonique. Ou dans une exposition. Ou dans un nouvel accident. Ou… Plusieurs fois, je me suis dit que si l’auteur l’avait voulu, il aurait pu finir son récit après les premiers rebondissements. Mais non… Andy Weir ne doit pas aimer son héros… Celui-ci est décrit comme « malchanceux ». Non, Marc n’est pas malchanceux, Marc a juste un auteur qui a décidé de le faire suer à mort… J’ai douté plusieurs fois de sa survie, et je ne vous dirai rien sur le dénouement, mais le doute est perpétuel jusqu’à la fin. Ça m’a rappelé l’écriture de mon second roman quand j’étais jeune : j’étais en cours d’anatomie, et j’avais décidé que la meilleure façon de réviser mes fractures de la face et des membres, c’était tout simplement de casser les os de l’un de mes héros au fur et à mesure de ses combats. Là, on a l’impression qu’Andy Weir a vraiment voulu étudier toutes les situations catastrophiques qui pouvaient arriver à ses explorateurs de Mars et à la NASA.

Le récit est un roman de Hard SF. Je n’ai pas vu le film, et l’histoire a assez d’actions, de rebondissements, de moments grandioses pour donner sans doute très bien à l’écran, avec un héros très puissant et absolument sympathique. Le roman en tout cas est très technique et didactique à la fois. On essaie d’expliquer les aspects scientifiques de façon simple à l’auditeur/lecteur. L’auteur parvient à vulgariser des aspects très techniques avec beaucoup de succès, de répétition et de patience (même si deux ou trois fois, j’ai tout de même était un peu perdue, mais souvenez-vous : je devais surveiller la route en même temps). La technique d’écriture m’a rappelé les émissions scientifiques, où l’on décode pas à pas des principes théoriques de haut niveau. Pas de souci si vous êtes nuls en science, vous serez pris par la main.

Au niveau de la narration, j’ai préféré amplement toutes les aventures de Marc à la première personne et j’ai bien aimé quelques passages avec les Terriens. On notera aussi un goût de l’auteur pour la technique de « l’ironie dramatique » : c’est-à-dire où l’on annonce à l’avance un succès, une catastrophe aux lecteurs alors que les personnages ne savent pas encore ce qu’il va résulter de leur action, puis qu’on montre au lecteur comment on en est arrivés là. Là, ça m’a rappelé des séries comme NSIC et autres, où l’on montre au début de l’épisode quelques images qui se situent au ¾ de l’épisode. Ça m’a paru un peu américain comme méthode, mais qu’est-ce que c’est efficace ! Un « page turner », comme on dit.

Bref, j’ai désormais envie de découvrir un nouveau récit d’Andy Weir et d’écouter une autre audio lue par Richard Andrieux.

— Andréa.

Seul sur Mars, par Andy Weir, lu par Richard Andrieux, Bragelonne, Audiobook de 11h52 en 27 chapitres, 15 €