Illustration d’Andrew Ferez
Un œil de lynx
Iphégore, c’est le gars qui casse la baraque. Il honnit les textes pauvres. À chaque moment du récit, son style associé. Les passages plats, les moments d’ennui, les descriptions à noyer un bœuf… Tchak, tchak, tchak ! On reprend ça, on pourrait faire comme-ci, reporter ça là, éliminer cette chose, scinder ici… Et le pire, c’est que les auteurs tombent souvent d’accord.
Il apporte aussi un appui grammatical, même s’il effraie tout le monde avec ses passés antérieurs !
Un frappadingue
La dernière mode à Drogertis ? Le chapeau en origami ! Une belle fête à la citadelle de Latias ? C’est lorsque les spectateurs tentent de couler les navires qui prennent part à la course. Rentrer à son auberge et trouver une liche (oui, oui, le seigneur des morts-vivants) sur son divan ? Checked !
Une sédition exécutée sans armée ? Aucun souci. Intégrer du français du XVIIe siècle ? C’est naturel ! Critiquer la société moderne ? Bah, c’est le rôle des récits de l’imaginaire, non ?
Si quelque chose paraît impossible à écrire, il est probable qu’il relève le défi.
Un périple
Ouvrir un roman d’Iphégore, c’est un geste aventureux. Il faut oser libérer son esprit pour accepter un monde merveilleux comme nous en rêvions jadis, avant qu’un instituteur nous inculque la rigueur des tables de multiplication. Il faut avoir envie de renouer avec les plaisirs qu’offre notre langue, quitte à s’en trouver déstabilisé par moments.
L’on pourrait dire qu’il écrit des romans interdits. Il ne fait pas dans le conventionnel, mais il s’assure que le lecteur prend toujours plaisir à découvrir l’histoire.
La critique a pu lui opposer que certains de ses textes sont difficiles d’accès, en cela qu’ils requièrent une bonne assise littéraire pour accepter la langue soutenue et son lot de vocabulaire peu courant. Puisque la critique est l’un des éléments qui poussent l’artiste sur son chemin, ainsi a-t-il répondu : « Soit. Je ne vais pas dépouiller une belle œuvre pour la rendre plus accessible, je vais construire des marches qui, prises dans un certain ordre, élèveront le lecteur au niveau souhaité pour pleinement en profiter. Il pourra alors se dire que oui, ses lectures l’auront rendu meilleur. » Et depuis, il rédige des choses encore plus insolites.
Pas trop connecté, mais un peu quand même
Rêver, c’est se déconnecter du réel. Il lui paraît difficile de composer des récits imaginaires avec un oiseau bleu qui gazouille en permanence sur l’actualité immédiate. Il a cependant l’œil sur Twitter, @iphegore. N’hésitez pas à l’y interpeller.
Il vagabonde aussi sur des forums d’écriture, où il s’exprime lorsqu’il aperçoit un talent latent (ah ah ! talent latent. Jamais on ne croisera telle succession dans un livre édité. Vive le web !)
À part ça, qui est-ce ?
Diplômé d’un niveau au moins égal au Bac +5 dans un domaine technique qui sert de fondation à la société numérique, il vivrait non loin du pays du reblochon, près du sérénissime Mont-Blanc et de ses dahus. Il ne voit aucune trahison à aimer le chocolat suisse, puisqu’au fil du temps, p’tit gars, il y a eu Piémont-Sardaigne, le duché de Savoie, le Saint Empire, les Italiens et les Suisses, donc il n’y a pas si longtemps, on savait y faire du saucisson fumé délicieux, du vrai pain, des vraies pizzas, du chocolat, du comté, du reblochon (recette honteusement empruntée aux vallées voisines), du sanglier et du chamois. Depuis, la campagne a disparu, les routes ont été ouvertes et l’on a oublié le savoir-faire d’antan.