Jamais les ailes ne se brisent – FACE B [Sorti le 6 avril 2024]

L’Église de l’Évangile de la Néonativité a découvert un vaccin permettant une longue vie. Celui-ci est exclusivement donné aux personnes âgées qui acceptent de quitter la Terre pour coloniser Mars sous sa protection.
Mais quels sont les véritables buts de cette Église ? Quelle est cette compagnie de mercenaires censément disparue cinquante ans plus tôt et qui se dresse face à elle ? En quoi l’avenir de l’Humanité va-t-il se jouer entre ces forces adverses ?
Dans un grand fracas d’ailes, les vents se forment et les tempêtes s’agrègent entraînant le destin des hommes dans leur sillage.

Lire les premières pages 

Extrait 1

La navette était en phase de décélération. Bientôt, ils atteindraient le lieu secret où devait se tenir le bal. Elle avait eu l’autorisation de s’y rendre avec son jet privé, mais avait dû pour cela s’arrêter à l’aérogare de Marseille pour qu’un pilote de l’Église prenne en charge son appareil. Heureusement pour elle, les systèmes cachés dans son jet n’étaient accessibles qu’à partir d’une interface amovible, un simple Link-Head, que portait Monsieur Vincent. Le pilote ne pourrait pas les découvrir.
Seuls Monsieur Vincent et elle avaient pu venir au grand évènement de l’EEN. Et encore, son garde du corps devrait rester dans la navette pendant toute la durée de la célébration. Ce qui était conforme à ce qu’elle souhaitait. Ils avaient décollé de Marseille, puis avaient fait une percée jusqu’à une mise en orbite. Là, ils avaient été pris en compte et escortés par deux vedettes de l’Église. Puis, le vol s’était poursuivi dans l’espace proche de la Terre jusqu’à ce qu’ils arrivent en vue de la Flotte de l’EEN. Au milieu de celle-ci se tenait une nef de plus de huit cents mètres de long, pour plus de cent cinquante mètres de large. Le plus gros navire qu’elle ait vu jusqu’à aujourd’hui. Il ressemblait à une immense colonne. C’était le premier vaisseau qu’elle découvrait avec des décorations. Des lettres gigantesques et lumineuses flamboyaient sur la coque qui leur faisait face : « Lance de Dieu ». On ne pouvait se tromper sur le nom du navire ! D’autres dessins parcouraient toute sa longueur : des anges semblaient en sortir tenant dans leurs mains une épée et une croix. Sarah n’avait pas de doute sur la raison d’être de ces symboles. L’Église voulait en mettre plein la vue, comme lorsque les chrétiens avaient construit les premières cathédrales. Malgré elle, elle dut s’avouer qu’ils s’y prenaient plutôt bien. Sarah nota aussi que le monstre était indubitablement conçu pour le combat : plusieurs superstructures de forme sphérique devaient être des senseurs, antennes de transmission et autres scanners longue portée, et un nombre conséquent de batteries de canons couvrait le haut du flanc.
Elle entendit Monsieur Vincent murmurer :
— Incroyable ! Cette chose est sans doute capable de faire face seule à une flotte du FFPS !
Plusieurs gouffres béants s’ouvraient dans le ventre du béhémoth et son jet se dirigea vers l’un d’eux. Ils arrivèrent dans un énorme hangar et la navette, harponnée par des amarres à tête magnétique, se posa. La porte donnant vers l’espace se ferma et quelques minutes plus tard, le pilote de l’Église sortit du cockpit. Il s’avança vers elle. Sarah le fixa, puis regarda tout autour. L’apesanteur avait cessé. Elle croyait que cette technologie n’existait que sur L’Ulysse. Sa stupeur fit sourire le fidèle.
— Madame, nous sommes arrivés. Je ne doute pas que vous allez découvrir de merveilleuses autres surprises sur le navire amiral de l’Église de la Néo-nativité. Le hangar sera bientôt mis en pression.
Elle n’avait pas eu besoin de rentrer dans son rôle pour paraître étonnée. Elle l’était. Si son père ne lui avait pas donné de détails sur la situation, elle se serait demandé où se trouvait le chantier capable de créer un tel vaisseau.
Quelques minutes plus tard, la porte du jet s’ouvrit et la rampe se déplia depuis sa navette. Le pilote lui fit signe avec respect qu’elle pouvait descendre. Monsieur Vincent regarda vers le hangar et hocha la tête.
Sarah suivit le pilote en s’appuyant sur la rambarde. Il lui prit la main pour l’aider sur la dernière marche et se trouva face à son comité de réception : dix soldats de l’EEN en tenue d’apparat lui firent l’honneur des armes pendant qu’un homme lui aussi vêtu de l’uniforme de cérémonie de l’Église venait vers elle. Il lança un bref coup d’œil au pilote, qui se pressa de partir vers le fond du hangar. L’officier dirigea son regard vers elle.
— Bonjour, chère Aurélie. Excusez-moi, je peux vous appeler ainsi, vous n’y voyez pas d’inconvénient ?
La voix de John Evening avait fini sur une fausse interrogation. Elle fit l’effort de lui sourire.
— Non, cher monsieur. Cher John.
Les lèvres de son vis-à-vis se retroussèrent en un rictus.
— Je suis heureux de vous retrouver ici. Laissez-moi vous accompagner jusqu’au lieu de la réception.
Il lui tendit le bras. Sarah le lui prit et sentit un frisson désagréable la parcourir à son contact. Le pire se trouvait dans l’attitude de son hôte : son regard sans expression était fixe et son sourire s’ouvrait vers des pensées gourmandes.