Tome 2 : La foire de Vesoul [Sorti le 19 octobre 2020]

Après son séjour à Joux au printemps 1903, Victorien a retrouvé les siens et Besançon. Il a fait la connaissance des enfants du général Dacier, Philippe et Catherine. Séduit par la jeune femme dès leur première rencontre, mais peu à l’aise avec la gent féminine, il tente de se rapprocher d’elle en leur servant de guide pour visiter la ville et les environs pendant ses jours de repos. Si Philippe se montre très vite expansif, Catherine reste sur la réserve. Victorien s’aperçoit aussi bientôt qu’il n’est pas le seul charmé par elle, et une vieille connaissance dont il se pensait débarrassé revient jouer les trouble-fêtes.

Mais Victorien a d’autres soucis : un mystérieux sanglier géant attaque ceux qui s’aventurent sur les flancs de la Motte, la colline qui domine la ville de Vesoul. L’ingénieur est persuadé qu’une force surnaturelle se cache derrière ces événements, sans parvenir à définir laquelle.

Alors que s’approche la foire de la Sainte Catherine, le grand événement de Vesoul, et son concours d’innovation auquel participe Victorien, la menace grandit de jour en jour…

Les Uchroniques Comtoises sont une série de romans à la croisée des chemins, qui ont pour cadre une Franche-Comté uchronique des années 1900, mêlant steampunk, légendes, Histoire, aventure et romance, au travers de la vie quotidienne des héros.

Les mêmes personnages en sont les héros, mais chaque roman peut se lire indépendamment.

Rachel Fleurotte est née à Vesoul, en Franche-Comté, en 1973.

Si elle vit à Paris depuis ses 20 ans, elle n’a pas oublié ses racines et rend hommage à sa région natale avec cette série de romans qui prend pour décor des lieux emblématiques de Franche-Comté.

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Extrait

Une foule chamarrée se pressait sur le terrain des Remparts Dérasés. Un joyeux brouhaha envahissait les lieux, entre les conversations des badauds, la musique qui résonnait d’une baraque à une autre et les harangues des bonimenteurs qui cherchaient à attirer le public vers leurs attractions. Des odeurs alléchantes flottaient dans l’air : pommes d’amour, pralines grillées et pain d’épice. Les enfants se pressaient devant la charrette du marchand de barbe à papa. La texture cotonneuse émerveillait les bambins qui la réclamaient à grands cris à leurs parents.

Victorien, en passant devant avec ses compagnons, se souvint y avoir goûté la première fois trois ans plus tôt, à l’Exposition Universelle de Paris de 1900, au cours de laquelle elle avait été créée. À ses côtés, Philippe et Catherine semblaient plus intéressés par les attractions que par la nourriture, ce qui ne le surprenait guère en ce début d’après-midi. La jeune femme, qui tenait son bras, paraissait plus détendue que la semaine précédente, au grand soulagement de l’ingénieur. Philippe, comme à son habitude, discutait de choses et d’autres, commentant tout ce qu’il voyait sans leur laisser la parole.

Derrière eux, Charlotte et Yvonne papotaient joyeusement : la glace était rompue entre elles depuis que la première avait présenté à la seconde les couturières de leur quartier, et qu’elles avaient ensuite partagé une tasse de café. Victorien s’en réjouissait, d’autant qu’il avait compris qu’Yvonne n’était pas la duègne sévère qu’il avait crainte, mais plutôt la complice de ses protégés, tant qu’ils respectaient les limites des convenances.

Philippe désigna une baraque un peu plus loin :

— Regardez, un labyrinthe de miroirs ! Et si nous allions y faire un tour ?

Catherine opina, visiblement amusée par l’enthousiasme de son cadet :

— Ça peut être distrayant. 

Victorien surenchérit aussitôt, ne voulant pas gâcher l’occasion de lui faire plaisir :

— Allons-y, alors.

Ils se tournèrent vers leurs accompagnatrices. Yvonne secoua la tête :

— Je ne suis pas à l’aise dans ce genre d’endroits, mais vous pouvez y aller sans moi.

— J’vais rester avec vous, j’aime pas trop non plus.

Yvonne accueillit l’annonce de Charlotte avec reconnaissance. Tandis qu’elles s’asseyaient sur un banc à proximité, Victorien acheta trois billets et les jeunes gens pénétrèrent dans l’attraction. Des murs de glaces se dressaient autour d’eux, perturbant leurs repères. Philippe avançait le premier, riant quand il se retrouvait coincé par un obstacle. Catherine souriait, suivant son cadet, escortée par Victorien qui se tenait à ses côtés. Des enfants les doublaient en criant, pressés de s’en échapper, poursuivis par leurs parents ou leur nourrice. Leurs voix résonnaient dans les espaces clos des miroirs, déformant les sons. Malgré quelques culs-de-sac, la sortie fut assez simple à trouver et ils émergèrent bientôt à l’air libre. Philippe afficha une moue déçue :

— Quel dommage, j’en ai connu de plus compliqués.

Catherine haussa les épaules, plus indulgente :

— C’était tout de même amusant, tu es trop exigeant.

— À la foire du Trône, à Paris, il y en a de bien plus grands !