Ilium et Olympos, avis de Chriss Apadémak

Un avis de lecture de Chriss Apadémak. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Couverture
Le diptyque Ilium et Olympos est mon histoire préférée. L’intrigue n’est pas résolue d’ici la fin du premier tome, il vous faudra lire les deux tomes.

L’histoire se déroule dans un futur lointain, dans lequel le système solaire a été colonisé. D’un côté, une race de robots intelligents demeure dans d’anciennes colonies humaines, comme celle de la lune d’Io. De l’autre, les dieux grecs ont terraformé Mars et s’amusent à recréer la fameuse guerre de Troie de la légende homérique. De plus, une nouvelle humanité vit sur Terre, ne sachant lire ni mener seule des tâches domestiques, recourant fréquemment à des « fax » de téléportation, surtout quand il s’agit de courir de fête en fête. Leur cycle de vie ne correspond pas non plus au nôtre. Oui, les événements ont pris une tournure bien étrange par rapport à notre XXIe siècle.

Dans chacun de ces trois lieux émergent un ou plusieurs protagonistes, chacun avec ses propres motivations et sa vision du monde. Cette diversité d’environnements et de personnages est l’une des forces de ce cycle. Ils sont attachants, même si au début l’un d’entre eux est particulièrement détestable. Sans en dire trop sur l’intrigue, certains effectuent des voyages prenant l’allure de grandes aventures dans l’inconnu, d’autres tentent de changer leur vie et d’échapper à leur funeste destin. Tous finiront par évoluer et grandir en personnalité. À cet égard, les personnages principaux issus de la nouvelle humanité terrestre sont ceux dont l’évolution est la plus spectaculaire à mes yeux. Bien entendu, le destin de tous ces personnages va finir par se croiser.

L’ambiance varie avec les groupes. Elle est plutôt dans l’exploration scientifique avec les robots qui partent explorer des problèmes quantiques sur Mars. Chez les humains, on passe d’un train-train quotidien au voyage et à la découverte de leur propre monde au-delà de leur microcosme habituel. Chez les dieux, on suit un scoliaste, Thomas Hockenberry. Il s’agit d’un érudit ressuscité du XXe siècle et muni de moyens technologiques hors normes. Il joue le rôle de grand reporter et informe les déités des déviances possibles de la guerre de Troie par rapport au récit traditionnel de l’Iliade. On est ici plus dans complots, guerres, et trahisons, mais avec un humour bien présent.

Avec un tel contexte pour histoire, il n’y a rien d’étonnant à ce que la science-fiction et la mythologie soient entremêlées. Adorant les deux, j’étais forcément aux anges en lisant pour la première fois la quatrième de couverture. C’est avec grand plaisir que l’on retrouve Zeus, Athéna, Arès, ainsi que les héros de la guerre de Troie dans une atmosphère de complot divin. Et tout ça en se demandant comment cela est possible, car le reste du système solaire est plus avancé technologiquement que l’antiquité grecque.

Certains thèmes classiques de la SF sont aux rendez-vous, comme « les machines intelligentes sont-elles vraiment vivantes ? » Mais le cycle présente également des thèmes auxquels on s’attend moins, comme la littérature classique (ex : débat d’idées entre deux robots, l’un passionné par Shakespeare, l’autre par Proust) et la création littéraire (certaines créatures rencontrées évoquent aux héros des créatures de romans qu’ils ont lus, au point que les personnages se demandent si la création littéraire donne vie à de nouvelles réalités). Écrivant moi-même et membre de Hydralune, j’ai été très sensible à ces thèmes et je vous recommande ce diptyque.

— Chriss.