Un avis de lecture de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».
La roue du temps, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une des plus massives saga de fantasy : 14 tomes, plus une préquelle, des milliers et des milliers de pages.
L’histoire est simple : Rand, simple fermier, découvre qu’il est la réincarnation du Dragon, figure légendaire du Premier Âge. Rand est appelé à une grande destinée vu qu’il doit mener les armées de la Lumière jusqu’à Tarmon Gaidon, la bataille finale, afin de défaire une fois pour toutes le Ténébreux.
Alors oui, je sais, on est encore dans une histoire du bien contre le mal. La prémisse de base rappelle fortement le Seigneur des anneaux, ainsi qu’une bonne partie de la production littéraire en fantasy.
Oui, La Roue du temps n’évite pas les clichés inhérents au genre. L’opposition « les hommes font comme ça et les femmes autrement » est un peu pénible à la longue.
Oui, La Roue du temps est une série très longue, qui parfois s’égare en route (j’ai failli décrocher au tome 10). Il y a beaucoup de descriptions, pas toujours utiles.
Oui, il y a énormément de personnages, qui ont tous des noms difficiles à retenir (mention spéciale pour les Réprouvés, qui chacun a plusieurs noms, surnoms ou titres).
Oui, on peut avoir envie de taper sur Rand, Egwene ou sur un autre (personnellement, j’aurais bien collé un aller-retour à Elayne et Gawyn par moments).
Malgré tout, je maintiens que c’est une œuvre importante de la fantasy, qui mérite le détour pour plusieurs raisons.
D’abord parce que même si le début peut sembler cliché, l’histoire ne s’attache pas uniquement à Rand, mais à toute une galerie de personnages. On suit Perrin le forgeron, Matt le garçon insouciant, Nynaeve la Sage-Dame de son village et son apprentie Egwene. À ces personnages s’ajoutent Moiraine, redoutable Aes Sedai, Lan, son Champion, Loail, représentant d’une paisible race de bâtisseurs, Elayne, héritière du trône d’Andor, Aviendha, guerrière Aiel et tant d’autres.
On voit grandir et évoluer ces personnages. On les voit faire des erreurs, en payer le prix, subir des défaites, remporter des victoires. Même si Rand est l’élu, la réincarnation du Dragon, tout le monde a son rôle à jouer. Et Rand n’est pas le seul appelé à avoir une destinée glorieuse…
Robert Jordan a aussi décidé de donner la part belle aux « méchants », les réprouvés, eux aussi issus du premier âge, qui offrent une galerie de personnages vénéneux. Ils sont mauvais, pas de doute là-dessus, mais chacun dans son genre, chacun avec ses motivations et ses méthodes d’action. Ils n’hésitent pas à comploter contre les héros, mais aussi les uns contre les autres.
J’avoue avoir un faible pour Graendal et Moghedien (je crois que j’aime bien les garces manipulatrices…).
La Roue du temps a de plus développé un univers très riche.
Il y a un système de magie cohérent (on n’adhère ou pas à la division homme/femme, mais on ne peut pas enlever ça à la série.
La saga nous présente en outre une grande variété de pays et de peuples, avec chacun ses spécificités : entre la cour de Seanchan et son protocole, les Aiels et leur code d’honneur, les us et coutumes de Tarabon, la manière de courtiser des Saldeens, la rouerie des femmes domanis, il y a là une mosaïque impressionnante.
L’univers mis en place est très riche et complexe, et (chose que j’apprécie en fantasy) ne se limite pas une inspiration uniquement médiévale européenne.
Côté rythme, on ne va pas se le cacher, c’est parfois très long. Malgré tout, malgré ces baisses, l’histoire tient la route sur 14 tomes.
C’est gigantesque, massif. Au final, cela donne une histoire ample et riche, avec des dizaines de personnages, dont les destins s’entrecroisent, pour un final explosif.
Il faut d’ailleurs saluer le travail de Brandon Sanderson, qui, après le décès prématuré de Robert Jordan, a repris et conclut cette saga.
En résumé, c’est une saga qui vaut le détour, par sa richesse, sa complexité, ses peuples et ses personnages. J’ai mis près de 2 ans à la lire et je ne regrette pas. Je sais que les personnages vont me manquer, et je garde la préquelle (New Spring) ainsi que les notes de Robert Jordan (publiées par sa veuve) sous le coude en cas de manque.
Je pense également que tout auteur de fantasy qui voudrait s’essayer à une série longue devrait lire cette série.
— Catherine.