Un avis de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».
Il y a quelques années, j’ai découvert le livre Carbone Modifié de Richard Morgan. J’avais beaucoup aimé, aussi, quand j’ai vu que Netflix adaptait le roman, j’étais plutôt contente (pour l’instant, entre Jessica Jones, Stranger Things et Dark, j’ai plutôt été séduite par les productions Netflix). Verdict donc.
Pour rappel, Altered Carbon (ou Carbone modifié en français) se déroule dans le futur, où l’humanité a découvert, grâce à ce fameux carbone modifié, la technologie pour stocker la conscience humaine. Chaque personne reçoit une pile corticale qui « enregistre » sa conscience, qui peut alors être transférée d’un corps à un autre.
Nous suivons les pas de Takeshi Kovacs, ancien diplo (sorte de black op futuriste) et révolutionnaire Quelliste, qui a été mis en stockage suite à une révolte qui a mal tourné. Kovacs est sorti de stockage par Laurens Bancroft, un « Math », diminutif de Mathusalem, comprenez un homme tellement riche qu’il peut sauvegarder sa conscience et cloner son corps à l’infini et que donc il est pratiquement immortel.
Seulement, quelqu’un a tué Laurens Bancroft juste avant sa sauvegarde, lui faisant donc perdre 48 h de sa vie. Tout le monde soutient que Bancroft s’est suicidé, mais lui maintient qu’on l’a assassiné. Il engage donc Takeshi Kovacs pour enquêter sur cette affaire…
L’une des choses qui m’avaient séduite dans le roman, c’était l’ambiance, mélange de Cyberpunk et de film noir à la Blade Runner.
De ce côté-là, la série retranscrit magnifiquement l’univers. Des bas-fonds de Bay City aux tours des Maths, on en prend plein les mirettes, et j’ai vraiment eu l’impression de voir ce que j’avais eu en tête à la lecture. Pari réussi de ce côté-là.
L’autre chose qui m’avait beaucoup plus dans le roman, c’était le concept : le corps est devenu une enveloppe dont on peut changer à loisir. Ce concept était poussé à l’extrême et l’auteur en étudiait toutes les ramifications sociales et économiques, et montrait bien à quel point ce genre de technologie est géniale sur le papier, mais ne supprime en rien les inégalités et peut mener à des dérives glaçantes.
La série aborde également toute les ramifications au stockage de conscience, notamment les aspects les moins ragoûtants (prostitution, trafic d’êtres humains). Elle rend bien le côté décadent des Maths, et la vie de tous les jours des moins fortunés.
Malgré tout, j’ai trouvé le livre plus fin à ce niveau. Il fourmille de petits détails qui permettent de bien se rendre compte de ce que ça fait de changer de corps, de se retrouver en réalité virtuelle… dans la série, les explications ont parfois tendance à être assénées.
Je regrette également le choix d’acteurs un peu lisses pour incarner les personnages. Dans le livre, Kovacs se retrouvait dans l’enveloppe d’un homme moins en forme que son précédent corps, accroc à la cigarette et devait gérer tout ce que ça impliquait. Ici, tout le monde est super beau gosse et super en forme. Kovacs est également plus sympa que dans le livre, où il était la limite de la sociopathie (là, il a juste un foutu caractère et quelques traumatismes à surmonter).
J’ai trouvé les seconds rôles assez réussis par contre, Poe, Quell, les Elliott, ce sont des personnages assez sympa que j’ai eu plaisir à suivre.
Côté histoire, on reprend les grandes lignes du roman, avec l’ambiance polar noir. Il y a bien sûr des adaptations et des libertés par rapport au livre. J’ai aimé certaines : l’IA de l’hôtel était très sympa, Quell est aussi charismatique que l’idée que je m’étais faite d’elle dans le roman, j’ai apprécié le fait que Kristin Ortega ait un peu plus de consistance. D’autres m’ont moins convaincue, comme le changement de Kawahara (je ne peux pas en dire plus sans spoiler).
Le rythme est un peu inégal, certains épisodes sont très prenants, comme celui où Kovacs se retrouve coincé à la clinique Wei (âmes sensibles, passez votre chemin), d’autres clairement en dessous. J’ai également trouvé le final un peu brouillon.
Donc, si on résume dans l’ensemble. Ce n’est pas parfait, notamment au niveau du rythme et des ramifications du concept de base qui auraient gagné à être montrées de manière un peu plus subtile.
Malgré tout, je recommande de vous pencher sur cette série. Parce que ça reste un bon divertissement qui tient en haleine. Parce que le propos reste intéressant et ouvre pas mal de pistes de réflexion. Et puis, parce que ça fait un moment qu’on n’avait pas eu de bonne série cyberpunk non animées (j’ai un mari allergique à l’animation japonaise), donc bon, on ne va pas bouder son plaisir, hein !
— Catherine.