Celle qui devint le soleil, de Shelley Parker-Chan, avis d’Andréa Deslacs

Quatrième de couverture

Celle qui devint le soleil réinvente l’ascension vers le pouvoir du premier empereur de la dynastie Ming. Zhu, l’impossible survivante, est prête à tout pour acquérir le mandat du Ciel…
« Je refuse de n’être rien. »
Dans un village rongé par la famine, au coeur d’une plaine poussiéreuse, deux enfants reçoivent chacun une destinée. Le garçon est promis à la grandeur. La fille, au néant…
En 1345, la Chine est soumise à la cruelle domination mongole. Pour les paysans faméliques des Plaines du Milieu, la grandeur n’existe que dans les contes. Quand la famille Zhu apprend que Chongba, leur huitième fils, est promis à un fabuleux destin, tous peinent à imaginer comment s’accomplira ce miracle. En revanche, nul ne s’étonne que la deuxième fille des Zhu, fine et débrouillarde, soit promise… au néant.
Mais lorsqu’une attaque de hors-la-loi les laisse orphelins, c’est le fils qui se laisse mourir de chagrin. Prête à tout pour échapper à sa fin annoncée, la jeune fille endosse l’identité de son frère afin de devenir novice dans un monastère. Là, poussée par un impérieux désir de survivre, Zhu apprend qu’elle est capable de tout – même du pire – pour déjouer sa destinée.
Lorsque son sanctuaire est détruit pour avoir soutenu la rébellion contre les Mongols, Zhu saisit cette chance de s’emparer d’un tout autre avenir : la grandeur abandonnée de son frère…

Avis

Voici un récit qui rend honneur aux techniques anglosaxones. L’autrice est australienne, d’origine asiatique et elle l’ont sait que les auteurs anglosaxons sont rompus dans les techniques d’écritures, dans la relances du scénario, dans les rebondissements.
On va donc suivre une jeune fille qui va prendre la place de son frère Zhu à qui un devin a promis un grand destin et à elle « rien ». Qu’à cela ne tienne ! Elle ne manque pas d’intelligence, de ruse, de courage et de détermination. Elle ne crèvera pas de faim, mais elle n’est pas folle pour manger les offrandes pour les fantômes. A la place, elle va convaincre par son comportement les moines d’un monastère de l’accepter parmi ses élèves, tous des hommes. Elle arrivera à mentir à son entourage, espérant que le Ciel ne s’aperçoive pas de ses supercheries. Elle a le désir d’un grand destin. Cela commence à se concrétiser en devenant le bras droit du très diplomate chef des moines. Cependant, quand les Mongols viennent réclamer un impôt important et l’arrêt de l’aide au rebelle, et cela via leur général aux physiques androgynes et au statut d’eunuque, cela en est trop ! Le monastère n’y survivra pas, mais cela n’est pas la fin de la malice et la pétillance de Zhu ! Les rebelles sont un nid de guêpes ? Ils ont un enfant porteur de la marque des Cieux via son pouvoir ? Pourtant, l’opportuniste Zhu est plein de détermination, de ruse et de volonté : son destin sera exceptionnel, à la hauteur d’un royaume.
Côté mongol, la situation politique est également compliquée. Le Ciel ne les désigne plus d’un héritier. Certains seigneurs locaux se verraient bien khan à la place du khan. Et la famille que nous suivons à ses prendre désaccords.
La relation entre le général eunuque (torturé et prisonnier d’un destin qu’il a épousé) et son ami prince mongol (personnage solaire et charismatique) est un grand point fort du récit, avec une complexité psychologique et des évolutions de personnages très réussies tout comme celle du frère adoptif du prince.
C’est un récit très réussi. C’est fictionnel, mais on sent un très fort fond historique à l’histoire, ce qui fait qu’on en apprend tout de même pas mal. La magie n’est pas utilisée à bout de champs, étant surtout démonstrative, mais elle est indéniable. Et pas de manichéisme, cela fait bien plaisir.
Au total, il faut croire dans le destin qu’on désire pour soi et ne pas hésiter à tout tenter pour l’atteindre… quitte à piétiner quelques personnes au passage. Quoi, ce n’est pas une morale ?

—Andréa