Chevauche-brumes, de Thibaud Latil-Nicolas, lu par Julien Chatelet, avis d’Andréa Deslacs

Un avis d’Andrea Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Pour un premier roman, chapeau bas ! Il y a du niveau.


On suit donc les soldats de la 9e compagnie, au service du roi du Bleu Royaume, qui sont mandatés depuis la frontière du royaume aux portes du désert (pour lutter contre une série de raids, tout en y laissant des plumes) pour partir sur la ligne septentrionale. Là-bas, de mémoire d’humains, une brume impraticable sévit, avec ses tempêtes impressionnantes et sa terrible réputation. Les religieux clament qu’elle est sacrée tout comme les sources, les mages disent qu’elle est un phénomène ou une création magique. Cela cause des débats houleux parmi les conseillers du roi.
Or si les sources de magie semblent plus fortes ces derniers temps, la brume enfle. Or, dans les villes du nord, on y aurait vu de terribles monstres entre deux coups de foudre, mais on n’en sait pas plus. Il faut donc enquêter. Du moins… si la 9e compagnie arrive à rejoindre sa ville-objectif sans être occise en route par ces créatures belliqueuses et redoutables…


Il s’agit donc d’un récit d’Héroïc fantasy, un monde de soldats, de guerres, de mages et de monstres. La menace est immense et terrible, bestiale, elle n’offre aucun point de vue, et ce ne sont pas d’autres humains que l’on affronte. Nous sommes donc d’un seul parti : celui des hommes et femmes face à cette menace. Quelque part, cela facilite l’adhésion, de l’autre il manque peut-être cette ambiguïté des récits où l’on est aussi du côté d’un ennemi qu’on peut redouter, mais également admirer ou comprendre.


Les points de vue sont multiples. Les membres de la 9e compagnie tiennent la plupart des focales, ils sont très différents les uns des autres, avec leurs défauts et leur personnalité. Les femmes qu’elles soient guerrières ou mage sont des personnages forts qui ne déméritent pas.


L’écriture fait honneur à la langue française. L’argot est « recherché », les images sont belles, les associations de mots bien trouvées, cela crée une vraie culture locale et une proximité de rang. La qualité descriptive, les choix des mots de la narration montrent un travail somptueux. D’ailleurs, pour le côté héroïque, la magnificence renforce ce côté exceptionnel des exploits.


Il y a un côté « Gemmel » dans ce type d’ambiance, vous vous en doutez. Ce récit comporte quelques belles émotions, mais peut-être moins cette « intimité » et ce travail en diamant des sentiments qui fait vraiment chialer chez Gemmel. Pour un premier roman, Latil-Nicolas fait cependant un boulot narratif d’une rare qualité.


En bref, l’histoire est épique à souhait, le défi est rude, la 9e compagnie est sérieuse et ses membres ont tous leur personnalité, l’écriture est travaillée, les combats sont très nombreux pour ceux qui aiment l’action, et la lecture de Julien Chatelet est agréable si vous écoutez la version audio. C’est un bon divertissement et une aventure épique qui vaut le coup d’être lue.


Je vais tenter le tome 2 en espérant toutefois que plusieurs pistes s’entremêlent, en théorie d’après ce qu’on comprend à la fin du tome 1, il devrait y avoir 4 tomes (3 édités actuellement).

— Andréa.