Du thé pour les fantômes, de Chris Vuklisevic, avis de Catherine Loiseau

Un avis de lecture de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ». 

C’est un roman étrange que celui-ci. Un roman atypique, dont j’ai pas mal entendu parler sur les réseaux sociaux, sans bien comprendre de quoi il parlait exactement. La 4e de couverture n’aide pas vraiment à se faire une idée du type d’histoire :

« Quand on est vivant, on occupe les places que les morts ont laissées. C’est la règle. » Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes. Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles. Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre. Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire. Que voulait-elle révéler avant de mourir ? Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ? Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almería, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux. Entrez dans le salon de thé. Prenez une tasse chaude à l’abri de la pluie. Écoutez leur histoire.

En ouvrant les pages Du thé pour les fantômes, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ce qui en général n’est pas bon signe pour moi : si on ne peut pas m’expliquer clairement de quoi ça va parler, j’ai souvent du mal à accrocher à l’histoire.

Pourtant, ici, le charme a opéré.

On va suivre le destin de deux sœurs, Agonie la sorcière et Félicité la médium, qui se retrouvent suite à la mort de leur mère.

Le roman nous est raconté par une tierce personne, un employé des archives, si ma mémoire est bonne, qui a rencontré les deux sœurs et nous livre leur histoire.
Si vous cherchez un roman linéaire, passez votre chemin, car Du Thé pour les fantômes nous offre une narration éclatée, entre différents points de vue : le narrateur, les deux sœurs et les personnages qu’elles vont croiser.
Mais aussi une narration éclatée dans le temps. On fait sans cesse des allers et retours entre présent, passé lointain et passé proche.

À travers les pages se dessine l’histoire de ces deux sœurs aux pouvoirs étranges, l’histoire d’une mère à la fois monstrueuse et merveilleuse, l’histoire d’une famille.

Le style m’a rappelé le réalisme magique de la littérature sud-américaine (notamment La maison aux esprits d’Isabel Allende). Ici, c’est le pays niçois qui se peuple de sorcières, de fantômes et de merveilleux.
J’ai beaucoup aimé ce mélange, que j’ai trouvé très délicat et qui donne envie d’aller découvrir Nice et son arrière-pays.

Je craignais que le roman soit un peu un exercice de style sur la narration et la structure. Mais il est en réalité plein d’émotions et de jolies trouvailles, comme ces troupeaux de théières qui servent à infuser le thé pour les fantômes.

Un roman à déguster justement avec une tasse de thé !

— Catherine