Un avis d’Iphégore Ossenoire. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».
Me voilà à déambuler dans la bibliothèque d’une cité lacustre, à la recherche d’un pictogramme sur les tranches des livres : une soucoupe volante stylisée, symbole retenu pour les ouvrages de science-fiction. C’est ainsi que j’ai trébuché sur Jardin d’hiver, d’Olivier Paquet, publié par L’Atalante. Ce qui retient mon attention ? Le récit se déroule en Europe.
D’un côté, le Consortium avec ses robots qui miment la vie animale, tantôt dociles et affectueux, tantôt avec un canon qui sort de la gueule et tue leur opposant. De l’autre, la Coop, agglomérat de groupuscules qui ont modifié les plantes pour en faire des armes terribles. Au milieu, une alliance pacifiste qui n’aura pu se conclure à cause de l’assassinat d’un des futurs époux lors du mariage. Le frère de la victime n’est autre qu’Archibald, le meilleur ingénieur du Consortium. Son fils, tenu éloigné du mariage, sera notre héros.
Un héros qui sert sur les premières lignes de la guerre entre les deux factions quand sa flotte est décimée. Il est retrouvé par des pirates, sans sa puce neuronale qui l’identifie comme militaire et le relie à Sublime, l’intelligence artificielle qui pourrait bientôt gouverner le Consortium. Il a perdu la mémoire, ou plutôt, il partage beaucoup trop de souvenirs qui ne lui appartiennent pas. L’équipage qu’il rejoint n’a pas de camp et vit du commerce des épaves, mais ses membres ont tous des secrets qu’ils préféreraient garder enfouis. Ils seront pourtant confrontés à leur passé au fil des révélations et de l’évolution du héros.
Jardin d’hiver est un récit bien ficelé qui nous fait revisiter l’Europe après la montée des eaux et vingt ans de guerre. Les technologies qui s’opposent sont vraisemblables et relativement équilibrées en termes d’atouts positifs et d’usages néfastes. L’idylle amoureuse suit un chemin classique, qui a tendance à m’épuiser à force de voir les héros toujours faire preuve d’une crétinerie sans borne, mais l’on a envie de connaître le dénouement et de lever les différents secrets des personnages. C’est un livre que j’ai lu en peu de temps, ce qui témoigne d’un style agréable, comme on ne peut trouver que dans les œuvres composées en français.
Cela m’a également donné envie de re-regarder Psycho Pass, où une IA décide qui reste dans la société, qui en est écarté pour être reconditionné, ou qui doit être désintégré.
— Iphégore.
ISBN 9791036000805