La Justice…, anthologie Arkuiris, avis de Catherine Loiseau

Un avis de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Couverture

Les éditions Arkuiris proposent, au travers de seize nouvelles, une anthologie sur la justice. Qu’elle soit divine, humaine, ou robotique, qu’elle vise à défendre les innocents ou au contraire, protéger les puissants, qu’elle soit juste ou qu’elle se fourvoie, découvrons donc comment les auteurs la voient.

Ugo Bellagamba, Le Cœur et la plume 
Nouvelle assez douce et mélancolique qui ouvre le recueil, le thème est la justice de Mât, selon les Égyptiens, et un vieil homme fait le point sur ce qu’a été sa vie. C’est une bonne entrée en matière, je trouve.

Alain Rozembaum, La face obscure de Mercure 
J’ai beaucoup aimé l’univers SF et la représentation de la justice comme une force absurde, le texte m’a paru par contre un peu trop court pour utiliser au max son concept.

Catherine Eloy, Le Sculpteur 
Une nouvelle fantastique (enfin au début), sur le thème de la loi du Talion (je ne peux pas en dire plus sans spoiler). Pas mal, mais j’aurais aimé qu’elle soit un peu plus développée.

Ian Larue, Moi, présidente
L’allocution et les promesses d’une future présidente. Assez bien vu au niveau des clins d’œil, elle montre bien les rouages de la démagogie. La nouvelle manque néanmoins d’enjeu pour moins.

Yann Quero, Procès de l’homme jaune
Une multinationale est responsable d’une marée noire et fait appel à un cabinet d’avocat d’un genre un peu particulier pour échapper à la justice. Bien écrit, rythmé, avec un humour noir et un bon retournement final, l’une de mes nouvelles préférées du recueil.

Bernard Amade, Juste justice
Quand le blasphème est puni par la loi, mieux vaut avoir un bon avocat… Une courte nouvelle, qui se lit sans mal et qui explore avec finesse les mécanismes de l’offense et de la défense. Elle laisse par contre un goût de trop peu.

Alex Evans, La Clause de rétorsion 
Dans le futur, il est possible de souscrire une clause de rétorsion en cas d’assassinat. Cette clause légalise la vengeance et est exécutée par des professionnels. Seulement, le meurtre d’une scientifique experte du clonage va révéler son lot de chausse-trappes. 2ème nouvelle que j’ai beaucoup aimée dans le recueil, en quelques pages, l’univers est posé, les personnages sont bien campés, c’est bien fichu et addictif.

Jean-Pierre Andrevon, Condamné
La seule nouvelle à laquelle je n’ai pas adhéré, non pas qu’elle soit mauvaise, mais elle est écrite à la deuxième personne du singulier, comme une longue adresse au lecteur, et ça, c’est quelque chose auquel je suis totalement réfractaire.

Fabien Maréchal, La Bourse ou la vie 
Petit côté cape et d’épée, et ambiance de justice sociale pour cette courte nouvelle où un malandrin et sa proie discutent du bien-fondé du vol. Bien écrit, assez enlevé, mais je reste un peu sur ma faim quand même.

Patrice Quélard, La loi de Pareto
Le monde est surpeuplé et part à vau-l’eau, il est temps pour le gouvernement d’appliquer la fameuse loi de Pareto.
J’ai bien aimé le début de cette nouvelle, avec sa mise en place, sa manière fine de croquer les personnages et sa façon de décrire un régime totalitaire par petites touches. Malheureusement, la fin est tombée un peu à plat pour moi.

Sorane Begaro, La Douceur de l’oubli 
Dans le futur, la punition pour les crimes, c’est l’oubli. On efface des mémoires bourreaux comme victimes. Gros coup de cœur pour cette nouvelle, dont le concept et les personnages m’ont captivée. La fin est vraiment poignante et éclaire la nouvelle d’un jour nouveau.

Sylvain Lamur, Sybille et le pendu 
Dans un monde frappé d’une calamité, un village survit comme il peut et suit les directives d’un esprit qui habite le corps d’un pendu. Tout se passe bien, jusqu’au jour où la jeune Sybille est amenée devant le pendu, pour le crime d’être trop jolie…
J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle, bien écrite et prenante. Je la trouve très juste au niveau des mécanismes de la justice populaire et du pourquoi cette jeune fille se retrouve accusée.

Jean-Yves Carlen, Général Fernandino 
La punition d’un général, ancien dignitaire d’un régime totalitaire. Bien écrit, le personnage central est intéressant, mais je n’ai pas accroché plus que ça au texte.

Éric Morlevat, L’Esprit et la lettre 
Le sergent Laferté est bien embêté : non seulement on lui colle une nouvelle recrue dans les pattes, mais en plus, il doit résoudre le meurtre d’un jeune-homme, qui n’appartient à aucune nation…
Deuxième coup de cœur du recueil, une nouvelle franchement géniale. Les personnages sont très rapidement attachants, le concept de ce futur où chacun peut choisir son appartenance, et où les idéologies forment les nouvelles nations est vraiment intéressant. L’intrigue est bien menée, la fin vraiment bien.

Julie Conseil, Robot justice 
Bonne nouvelle dynamique, avec un côté un peu humour noir et un peu absurde, j’ai vraiment bien aimé.

Ketty Steward, Imperpétuité 
Une femme est incarcérée pour le meurtre de son patron. Elle ne demande qu’une chose : mourir.
Courte nouvelle, assez percutante, sur le thème de la prison, de la peine de mort et de la volonté des condamnés.

Un recueil de bonne tenue donc, si je devais citer mes préférées, ce serait mention très bien pour L’esprit et la Lettre d’Eric Morlevat et La Douceur de l’oubli, de Sorane Begaro ; une mention bien pour Le Procès de l’homme jaune de Yann Quero, La Clause de rétorsion d’Alex Evans et Sybille et le pendu de Sylvain Lamur.

— Catherine.