Un avis de Catherine Loiseau. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».
Il y a quelque temps, je discutais de post-apo avec un ami. Lui me disait qu’il aimerait presque vivre dans un tel monde, parce que la hiérarchie sociale serait redistribuée et la valeur des gens serait évaluée selon leur compétence réelle et non selon leur argent. Je ne partageais pas cette vision et lui ai fait remarquer qu’en tant que femme, un monde sans foi ni loi ne me tentait guère. Nous étions tout de même d’accord sur un point : il ne faudrait pas grand-chose pour que notre monde bascule.
La lecture de La Parabole du semeur m’a confortée dans mes opinions.
La Parabole du semeur se déroule en 2024, dans une petite bourgade à côté de Los Angeles, au sein d’une communauté qui vit abritée derrière des murs et tente de survivre au mieux. Dehors, c’est l’anarchie.
Lauren, fille du pasteur de cette communauté, raconte son histoire au jour le jour. À travers ses yeux, on découvre les tracas quotidiens, notamment le manque d’eau et de nourriture, ainsi que les dangers qui guettent les habitants une fois passés les murs. On comprend peu à peu que la civilisation est en train de s’écrouler, que quelques îlots surnagent, mais pour combien de temps encore ?
La peinture est glaçante parce qu’elle est très réaliste. On ne sait pas ce qui s’est passé, mais tout laisse à penser qu’il s’agit d’une conjecture de facteurs : réchauffement climatique, effondrement économique, peut-être une guerre… Toujours est-il que la société s’est écroulée : les États-Unis ont élu un président autoritaire qui ne pense qu’à réprimer, des bandes de délinquants accrocs à une nouvelle drogue ravagent les habitations, l’esclavage semble de nouveau à la mode et la faim jette sur la route des milliers de gens.
À travers les commentaires de Lauren et sa vie quotidienne, on mesure l’ampleur de la catastrophe et combien nous serions touchés si une telle chose devait arriver pour de vrai.
Mais La Parabole du semeur n’est pas uniquement un livre intéressant pour son côté d’anticipation, c’est aussi un excellent ouvrage qui renouvelle la forme du journal intime. On vibre avec Lauren, qu’on voit grandir au fil des pages et affronter de terribles épreuves. Autour d’elle gravitent de nombreux personnages qu’Octavia Butler parvient quand même à faire exister. Chacun a sa personnalité, ses motivations, son caractère. Personne n’est tout blanc ou tout noir, ils sont juste humains.
J’ai un peu moins accroché avec la dimension religieuse du texte, même si je trouve l’idée de Semence de la Terre assez novatrice. Je me demande ce que cela donnerait si cela existait réellement.
En résumé : un livre dont je conseille vraiment la lecture, que vous soyez fan de post-apo ou non.
— Catherine.