Un avis de lecture d’Andréa Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis».
Le Grand Livre, de Connie Willis
Editions J’ai Lu
700 pages
Ce roman de science-fiction de 1992 a collectionné les prix littéraires de SFFF (le Nebula, le Hugo, le Locus) et c’est normal. C’est un GRAND livre. Un chef-d’œuvre.
Connie Willis aime nous plonger dans des époques historiques proches ou lointaines, sans jamais nous infliger de cours magistral.
Sa fine équipe est composée d‘archéologues et d’historiens. Grâce à une machine à voyager dans le temps et à une solide préparation de ses historiens pour ne pas causer d’impairs dans le passé, les membres de l’équipe peuvent ainsi atteindre à une époque précise et vérifier leurs théories, voire rapporter un objet de cette époque (mais cela fait plutôt l’objet du roman Sans parler du chien).
Là, Kirvin est volontaire pour explorer une période encore jamais visitée par les autres universitaires : le Moyen Âge, autour de l’an 1320.
Seulement… Serait-il survenu comme un couic dans la magnifique machinerie du professeur Gilchrist et la jeune étudiante se serait-elle retrouvée envoyer à quelques décennies de l’époque visée ? En pleine pandémie de peste par exemple ?
Et… ne serait-ce pas de quoi sont morts, ces cadavres que l’archéologue de l’équipe est en train de déterrer sur l’un de ses chantiers ?
Quand une pandémie de peste toque à la porte de la page suivante, oserez-vous la tourner ?
*
En littérature classique, nous avons le Hussard sur le toit de Giono (le choléra), la Peste de Giono. En SF, nous avons d’innombrables récits de zombies. Nous avons aussi la Mort Blanche de Herbert (voire ma chronique). Et surtout, nous avons le Grand Livre de Connie Willis.
Les histoires croisées entre passé et présent s’enchaînent de façon intelligente.
D’un côté, l’héroïne qui se retrouve plongée dans un monde où la maladie sème le chaos et emporte aussi bien les forts que les faibles, les fuyards que les courageux.
De l’autre, l’équipe d’archéologues tombent sur un site où les cadavres de pestiférés s’empilent.
Et pour finir, les membres restants du département d’histoire tentent de récupérer Kirvin, perdue à la mauvaise époque.
Les 700 pages du récit seront plus que nécessaires pour affronter cette situation.
Ce récit est émouvant, aspirant. On découvre une période plutôt méconnue de notre passé. Savoir acquis et plaisir de la lecture se mêlent ainsi.
L’auteure a pris de façon habile la thèse d’un retour dans le passé où il faut plus qu’une simple aile de papillon pour changer le futur, mais ce danger reste cependant à l’esprit.
Ce roman unique offre l’un des récits les plus réussis de la SF des années 90. Connie Willis collectionne les prix pour ses nouvelles ou ses romans, or cela n’est pas sans raison. Faites-lui confiance.
— Andréa.