L’Empire électrique, de Victor Fleury, avis d’Andréa Deslacs

Un avis d’Andrea Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

En découvrant cet ouvrage, j’ignorais totalement à quoi m’attendre. Je ne connaissais rien de l’histoire, je savais uniquement que c’était une référence du steampunk.


Quelles ne furent pas ma surprise et ma déception lorsque le premier chapitre s’avéra être une enquête de Sherlock Homes, personnage aussi odieux, entêté et additionnant des micro détails pour établir ses folles hypothèses (justes de surcroît) comme dans sa légende. L’imaginaire est si vaste que j’ai toujours du mal à lire un récit où les personnages ont été conçus par un autre auteur.
Et puis… Et puis… Le chapitre fini, le suivant s’ouvrait sur de nouveaux personnages, un nouveau lieu, une nouvelle intrigue. En fait, ce livre est un recueil de longues nouvelles se déroulant au sein de l’Empire voltaïque de l’uchronique lignée triomphante des Bonaparte. On passe ainsi de l’Europe à l’Amérique, à l’Afrique et aux Caraïbes ou à l’Australie, avec quelques évocations de l’Asie et de l’Inde. Chaque histoire a pour héros des personnages iconiques tirés de la grande Histoire et de la littérature classique du XIXe pour la plupart. Et si au départ ces choix m’horripilaient, je dois avouer que j’ai fini par être séduite. Je me suis prise au jeu, cherchant à reconnaître les personnages dont j’avais oublié le nom, faisant des recherches pour ce que je ne connaissais pas, ma culture classique ayant malheureusement été très tardive et incomplète.


Au niveau des thèmes, ce recueil balaye un large panel de réflexions propre au XIXe ou à notre monde moderne : usurpation d’identité, les sciences, le retour dans le temps, la définition de l’humanité, le chimérisme, le progrès scientifique, l’autoritarisme, les déviances de l’État ou de la police, l’injustice, les trafics en tous genres, la guerre, la colonisation et l’esclavagisme, le sens de la famille.
Les chapitres sur l’Amérique et l’esclavagisme avec leur contexte de rage sanglante et de vengeance sont les plus violents de l’ouvrage.
Parmi les histoires qui m’ont le plus plu : celle avec le docteur Frankenstein, celle avec Gavroche et Passe-partout, l’enquête avec Watson et Arsène Lupin, et la poursuite du Nautilus.


Quant à l’écriture, fluide et plaisante, elle constitue un point fort de cette œuvre. Le sens de l’aventure, de l’action et du rebondissement fait défiler les pages. Sans ce talent de l’auteur, je pense que malheureusement j’aurais arrêté ma lecture au premier chapitre, me privant ainsi d’un grand plaisir surtout avec les derniers textes qui comptent presque tous parmi mes préférés. Les nouvelles sont assez indépendantes, mais quelques détails leur permettent de s’emboîter les unes dans les autres, avec les personnages récurrents, pour donner corps à l’univers.


J’ai déjà lu une autre œuvre dans le même état d’esprit : plusieurs aventures, alternant actions et enquêtes, avec des thématiques voisines, Et sans nul doute, si je dois recommander l’un de ces livres, je vous conseillerais celui-ci.

— Andréa.