Les bulles du diable, Yann Quero, avis d’Anna Combelles

Un avis d’Anna Combelles, amie des Hydres.

CouvertureEt si une vie extra-terrestre apparaissait demain, sous la forme de grosses boules bleues, comment réagiriez-vous ? C’est l’une des questions posées par Yann Quero dans ce roman (jeunesse) SF : Les bulles du diable.

Quatrième de couverture :

Au XXIe siècle, des boules bleues de la taille d’un terrain de football sont apparues à la surface de la Terre. D’origine inconnue, elles sont demeurées inertes, tout en étant protégées par un champ de force détruisant ce qui s’en approchait.
Des années plus tard, ces « Bulles du Diable » sont considérées comme les responsables de l’effondrement mondial. C’est du moins ce que pensent les survivants aux États-Unis : communautés rurales, extrémistes religieux, reliquats de l’armée, tribus indiennes…
Suite à la destruction de la bourgade où il vivait près de l’ancienne cité de Las Vegas, le jeune Tim âgé de quinze ans est obligé de traverser l’Amérique avec sa mère et son demi-frère…

BIOGRAPHIE

Romancier et essayiste français de science-fiction, il est également auteur de poésies sur des styles asiatiques (pantoum, haïku, tanka). Après avoir pratiqué plusieurs métiers, il consacre la majeure partie de son temps à l’écriture et tient un blog sur Mediapart.

L’HISTOIRE

Dans un monde post-apocalyptique, un jeune homme découvre que le passé peut resurgir à tout moment et se montrer plus cruel encore que son beau-père…

MON AVIS

J’ai eu la chance de rencontrer Yann Quero et de savourer sa plume dans quelques nouvelles (non chroniquées sur ce blog) ou sur ces articles. Aussi, lorsque son livre m’a été proposé en partenariat, je n’ai pas hésité une seconde.

SF POST-APOCALYPTIQUE.

Ce livre se déroule dans un futur proche (70 ans). Des bulles bleues, assez grosses, se sont posées sur terre, l’une après l’autre. Les humains, fidèles à eux-mêmes (n’apprendrons-nous jamais ?), se sont rués sur la première et ont bien sûr tenté par tous les moyens connus de l’ouvrir, l’exploser… bref, ils ont lamentablement échoué, mais les dégâts engendrés ont anéanti une partie non dérisoire de l’Afrique.

Oui, tant qu’à faire, autant agir dans une zone défavorisée, où la population souffre déjà, loin des civilisations florissantes. Les risques sont ainsi minimisés pour les Américains et autres décideurs.

Les hommes ont donc précipité leur chute, car ces bulles ont déclenché des réactions en chaîne et ruiné une grande part des avancées technologiques, nucléaires en tête.

L’entrée en matière est forte de sens. Je ne peux qu’agréer à ce mode de pensée, aux idéaux qui transpirent sous ce texte et à l’amour de l’humain que l’on ressent dans les mots de l’auteur.

J’ajouterai que j’ai trouvé incroyable la précision apportée en début de roman, sur les termes racistes que l’auteur a glissés dans les discours de certains personnages. Incroyable que l’on soit arrivé à un point où cette précision s’impose.

RELIGION ET FAUSSES CROYANCES.

L’histoire débute trois générations plus tard, dans un monde régulé par des croyances plus ou moins similaires à nos religions.

Pour Tim, le héros de ce roman (ce qui peut le classer en jeunesse) la vie se résume en des prières et un respect de nombreuses règles : cheveux rasés pour la moindre, alimentation végétarienne, port de tenues masquant l’intégralité du corps sauf les mains… sans oublier une soumission aux ordres de son beau-père, le pasteur de la communauté où il vit.

Car, les hommes de la communauté tentent de vivre modestement, sans utiliser d’armes ni de métal. Pour eux, les bulles sont apparues pour punir les hommes, d’où leurs noms : bulles du diable. Fort heureusement pour notre jeune héros, Sam (le grand-père adoptif de Tim) lui offre une autre vision de la réalité.

On retrouve aussi des fanatiques, qui veulent sacrifier leurs ouailles, en les poussant à se jeter sur les bulles… Tim, qui aimerait par-dessus tout voir une de ces bulles, va même hésiter à suivre ces fanatiques.

STYLE ET RYTHME.

Dans le chapitre de présentation, l’auteur aborde toutes ces précisions en les mêlant astucieusement à son histoire. Cela donne un texte empli de détails tout en restant dynamique.

Ce rythme perdure sur la majorité du roman, sauf lors qu’un petit passage plus lent, plus axé sur la réflexion et qui casse un peu l’engouement général. Ce point est, pour ma part, un des (rares) bémols du livre.

Les mots utilisés, justes et savoureux, ainsi que la qualité des descriptions rendent un texte riche. Un très joli moment de lecture ! Sans ostentation pour autant, car l’ensemble est bien balancé par les dialogues. J’avoue que j’ai adoré Sam et ses réparties.

ET LES FEMMES.

Très sexiste, le monde décrit par Yann Quero retrace une malheureuse vérité, et la soumission des femmes. Dans certaines villes, elles ne seront jamais considérées comme adulte, par exemple. Néanmoins, leur caractère remarquable dans le livre et les rôles forts que l’auteur leur attribue contre ces points. Cela donne des femmes que Tim respecte, malgré son éducation très macho.

Ceci dit, le livre ne passe pas le test de Bedchel, car ces femmes ne parlent jamais ouvertement entre elles dans la narration… deuxième petit bémol.

LA FIN.

Je regrette presque que ce soit un tome unique, car la fin m’a paru un peu rapide et légèrement bousculée. En trois paragraphes, Yann Quero règle tous les problèmes et apporte les solutions. Même si c’est cohérent, j’ai trouvé cela un peu dommage. Certes, c’est aussi parce que je m’étais habitué à ces personnages hyper attachants et que j’aurais aimé poursuivre un peu l’aventure avec eux.

AU FINAL
Les mots pour : style ; intrigue ; post-apo – idée ; personnage de Sam ; respect de la nature ; respect des êtres humains ;
Les mots contre : trois ridicules bémols

— Anna.