Les Lames du Cardinal, de Pierre Pevel, lu par Nicolas Planchais, avis d’Andrea Deslacs

Un avis d’Andréa Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Nous sommes donc dans une version uchronique de l’époque de Richelieu et du roi Louis XIII. Les dragons ont existé sur Terre, mais à part leurs descendants croisés avec les humains, ils n’existent plus de nos jours. En revanche, leur influence est très grande à la cour d’Espagne. Et la France est le seul pays qui n’a pas encore une loge draconique. Cependant si le cardinal a rappelé ses Lames depuis le fiasco à La Rochelle, pour quelle soudaine mission ?


Il s’agit d’un récit de cape et d’épée, très rythmé, avec plusieurs histoires qui se croisent pour se rejoindre aux ¾ du tome. On compte une douzaine de personnages principaux, avec leur passé, leur complexité, leurs mensonges, leurs objectifs, leurs non-dits. Le charmeur, la femme forte, le chef fédérateur jadis et bien silencieux actuellement, le preux, le mercenaire, le protecteur, l’ambitieux.


La structure des chapitres est très curieusement très similaire quand on lit l’histoire avec l’œil d’un auteur. C’est plutôt efficace. Chaque chapitre annonce le personnage focal en moins d’un paragraphe, puis avant ou après il y a une description précise d’un lieu et son inscription dans l’époque. Paris fait partie des personnages du récit. Les indications historiques (sauf quand on parle dragons) appuient ainsi le cadre de l’uchronie. Ensuite, on revient sur les personnages, en donnant des détails sur leur mise, leurs attitudes, leurs expressions. Puis on passe aux échanges, à l’action, à l’aventure. Le chapitre s’achève sur une punch line, assez efficace.


Le style est travaillé, bien entendu, de façon à donner cette impression de siècle passé, tout en restant accessible et sans ampoule ronflante.


Si la première partie du récit m’a semblé un peu longue avec plusieurs chapitres pour présenter individuellement chaque Lame, j’ai beaucoup aimé les trames parallèles avec le jeune officier, le mercenaire et le mousquetaire. La partie intrigue politique, mensonges personnels et le spectre permanent de la trahison donnent un récit très dynamique et un aspect enquête. Ainsi, c’est toujours une grande satisfaction de suivre les hameçons lancés par l’auteur, et de résoudre le mystère avant les personnages, et aussi le plaisir de ne pas voir arriver un renversement de situation ou une révélation. Les combats sont dignes d’un film d’action grand spectacle (avec une mention spéciale pour les combats sur les échafaudages, encore mieux qu’à la tour).


La lecture par Nicolas Planchais est de qualité. C’est-à-dire qu’il est toujours très bon pour les récits avec peu de personnages féminins, et là il est plutôt bien. Son travail sur les accents (espagnols) donne un vrai plus à l’ambiance sonore. On entend bien l’intonation de chaque personnage et on les reconnaît tout de suite dans les dialogues.

L’audio proposée dure 10 h, et j’avoue que je n’ai pas pu décoller de mes écouteurs, et à la fin de mes trois jours d’écoute, je n’ai qu’une hâte, commander le tome 2.

— Andrea.