Les larmes d’Ipacheta, d’Aurélie Genêt, avis d’Andrea Deslacs

Un avis d’Andréa Deslacs. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».


Quatrième de couverture :
Née sous une pluie sanglante, les larmes d’Ipacheta, la princesse Setun est vouée à une destinée hors du commun. Son père, le grand prêtre de la cité-pyramide Atasuyo, en est certain : son sacrifice mettra fin à la terrible malédiction qui s’abat sur le pays. Mais, guidée par une irrésistible soif de liberté et la certitude que son destin doit s’accomplir autrement, Setun s’enfuit à travers la jungle en compagnie de son fidèle loup blanc, d’un mystérieux petit garçon muet et d’une tayra dotée de la parole. Les larmes d’Ipacheta est un roman fantasy où civilisation précolombienne, animaux extraordinaires, nymphes, esprits et divinités se mêlent… et ne sont pas que des légendes.

Les récits francophones qui se déroulent en pays Maya ne sont pas nombreux. Celui écrit par Aurélie Genêt mêle à la fois une grande part de recherches sur les cultures précolombiennes, la faune et la flore (comme la tayra, petit animal), et de l’autre des éléments totalement imaginaires (comme le loup abricole, le fait que la tayra parle comme une grande sage, ou la légende des Larmes d’Ipacheta).

Nous suivons ,au début du récit, Setun, une jeune princesse qui doit être sacrifiée pour l’égoïste Dieu Soleil. Elle est éduquée par un vieux serviteur. Ce dernier l’avait recueillie nourrisson, en même temps qu’un louveteau, dans les entrailles de leurs mères respectives, le jour où l’Esprit d’Ipacheta a pleuré, de ses larmes de sang, la mort de sa bien-aimée tuée par les humains. Setun se sent investie d’une mission : faire arrêter cette malédiction. Or, elle prend vite conscience que ce n’est pas sa mort en haut d’une pyramide qui va taire la douleur de l’esprit. Elle s’embarque donc en étranges compagnies dans un voyage qui est aussi une quête initiatique.

Le roman a en fait plusieurs parties, car atteindre Ipacheta n’est qu’une étape de cette histoire, où le Soleil au cœur égoïste, comme les humains créés à son image, s’est éloigné des autres Esprits de la Nature, avec malheureusement la bienveillance muette de la Mère Terre. « Comment renouer les liens » devient la seconde mission de ce récit, et l’occasion de bien d’autres voyages, rencontres, et confrontations de légendes ou créatures.

Le récit propose plusieurs focales au fur et à mesure. Setun est une fille bien, du début à la fin, sans être niaise, même si elle a beaucoup à apprendre . Mais mon personnage préféré reste son vieux mentor, personnage pris entre son amour « paternel » pour sa petite protégée et son devoir auprès de son maître et de son Dieu. Si j’ai un peu moins accroché aux créatures à composantes animales, ces deux personnages-là (et certains esprits) sont vraiment bien taillés et très attachants.

Il s’agit d’un récit fouillé, avec plusieurs épisodes/aventures initiatiques et aspects mythologiques. Le dépaysement est garanti et le style très fluide fait qu’on tourne les pages sans les voir passer.

— Andrea.

Éditions Nats Editions, 316 pages, 14 €