Les oubliés d’Ushtâr, Émilie Querbalec, avis d’Anna Combelles

Un avis d’Anna Combelles, amie des Hydres.

Couverture Ushtâr, planète-océan des confins. Lorsque, après une guerre aussi brève qu’inégale, le Gouvernement tombe aux mains du régime autoritaire et ultra-patriarcal d’Albâr, Gul-Yan n’a d’autre choix que de fuir avec les autres Infants. Objectif : sauver la Gemme de Vie, dépositaire de la mémoire de son peuple. Mais cette évacuation ne se déroule pas comme prévu… Dans les méandres d’une cité à moitié engloutie, la traque commence. Or, rien n’arrête les Nadjams, ces soldats programmés pour tuer. Rien, sauf peut-être l’Arme-Vie. Mais celle-ci n’est-elle pas une simple légende ?

L’HISTOIRE

On y parle de planète, de races, de croyance, d’espoir, aussi. Un peu de vaisseaux, de politique, de religion…

MON AVIS

J’ai ce livre depuis sa sortie, car je connais l’autrice et je tente, dans la mesure du possible d’acheter les livres de mes amis auteurs.
Aussi, lorsque j’ai composé la liste des lectures du challenge imaginaire 20189, j’avais un livre pour la lettre Q, ce qui est grandement appréciable et m’a évité des heures de recherches.

SCIENCE-FICTION, MAIS PAS QUE

Bon, certes, ce livre entre dans la catégorie SF et partait donc, comme ses copains de ce genre, avec un a priori de ma part. J’ai toujours peur de me retrouver das un roman avec des vaisseaux, des trucs incompréhensibles où l’auteur parle de parsec et d’autres joyeuseté de cet acabit.

Pour ceux qui auraient oublié, le parsec est une unité de longueur utilisée en astronomie. Il est défini comme valant environ 3,26 années-lumière (ou 648 000/π unités astronomiques).

Mais Emilie nous fait grâce de ces valeurs et de tout ce fatras barbares pour se consacrer aux ressentis et émotions de ses personnages. En fait, cette histoire pourrait se passer sur Terre ! la volonté de l’empereur pourrait très bien se résumer en une quête de territoire et la fuite de la jeune infante, un voyage vers une île lointaine.

INTRIGUE POLITICO-RELIGIEUSE

Le but du livre n’est donc pas de nous perdre dans les étoiles, mais bel et bien de comprendre les rouages politiques et religieux qui sous-tendent l’intrigue. Chacun à son tour, les personnages apportent un élément de compréhension. Les uns tentent de sauver ce que les autres voudraient détruire ou modeler.

Leur histoire personnelle s’imbrique dans un ensemble qu’ils ne mesurent pas, même si certains en frôlent les contours et mettent tout en œuvre pour le protéger.

Un point m’a chagriné, c’est le manque d’explications de certains mots, comme le « rangka ». Il faut lire plusieurs pages/passages pour saisir la signification de ces termes, ce qui écarte du plaisir de lire.

L’écriture fine et travaillée de l’autrice permet de bien comprendre ces rouages, de vraiment s’en imprégner. Malheureusement, quelques petites longueurs et digressions m’ont écarté à plusieurs moment du fil de narration.

DES PERSONNAGES CHARISMATIQUES

Néanmoins, ces apartés donnent beaucoup de charisme aux différents personnages. Ma préférée reste la Matria ! Les autres, Joon One, l’Oublié Ilânn ou encore l’Infante (Gul-Yan) sont bien pensés et complexes. Aucun n’est complètement bon ou mauvais, les enjeux sont ailleurs.

Dans le même ordre d’idée, Emilie Querbalec a essayé d’éviter le piège du manichéisme.

LA FIN ?

Elle m’a semblé un brin rapide, après les longues pages de mise en place. Cela n’ôte rien au charme du livre.

AU FINAL

Les mots pour : écriture, idées, politique.

Les mots contre : longueurs, résolution rapide.

En bref : Une bien belle découverte, avec une plume enchanteresse. Quelques longueurs écartent le livre des coups de cœur, ainsi qu’une résolution un peu rapide, alors que l’installation de l’intrigue prend plus d’un tiers du livre. Mais l’ensemble est cohérent, les personnages bien pensés avec de sentiments crédibles.

— Anna.