Ma vie sans gravité, de Thomas Pesquet, avis d’Audrey Aragnou

Quand j’étais petite, je voulais être sans ordre de préférence (tout en même temps, comme dans la choucroute) : professeur de français, astronaute et écrivain.
Je ne m’en suis pas si mal sortie, je suis même allée au-delà de mes espérances, d’autres pistes se sont ouvertes.

Sans devenir astronaute, je me suis beaucoup intéressée à la science-fiction et à la science, comme vous le savez, et j’ai commencé très jeune à lire des livres d’astronomie et à me nourrir de conférences sur la thématique pour écrire.

L’un des derniers livres en date qui m’a marquée est l’autobiographie de l’astronaute français Thomas Pesquet, Ma vie sans gravité. Cet ouvrage raconte son parcours jusqu’à l’ISS (son retour aussi !), à travers les différentes phases qu’il a traversées pour y parvenir, et pour en revenir.
Ce qui m’a plu particulièrement, au-delà de l’aspect biographique, c’est l’analyse d’une vie d’explorateur, de quelqu’un qui a toujours dépassé ses limites, poussé par la curiosité de ce qui a au delà de son territoire immédiat. De la Normandie à l’espace, pourquoi ? Parce que, comme il le dit « c’est là ». Et il conclut son ouvrage en évoquant la Lune, qui, s’il le pouvait, serait un nouvel objectif, parce qu’elle « est là ».

C’est aussi un texte qui donne matière à penser sur la peur et le courage. Jamais il ne se présente comme un héros. Au contraire (et le jeu de mots sur le titre le prouve bien), il revient souvent sur tous les obstacles, les douleurs et les doutes, dépassés les uns après les autres, avec une forme de méthodologie et de plan précis. C’est aussi une ode à l’amour et un portrait en creux de tous ceux qui l’ont porté : sa famille, et sa compagne, Anne, qui accepte de le laisser partir au-delà de la Terre, terrifiée par les départs très impressionnants depuis notre planète, tout en dépassant elle-même les peurs qu’elle avait qu’il ne revienne jamais.
Chaque geste ou chaque objet, dans l’espace et dans la station spatiale, anodin dans notre monde avec gravité, peut devenir complexe ou mortel avec des contraintes physiques différentes.
Partir, c’est un combat, revenir en est un autre : comment reprendre des repères après être allé au-delà des limites mortelles ? Thomas Pesquet aborde aussi ces questionnements, dans un texte profondément humain, et très inspirant.

J’ai un ami, qui est un peu comme Mon « Thomas Pesquet » personnel et a aujourd’hui quasiment 90 ans.
Lorsqu’il en avait presque 70 il s’était rendu en Chine en vélo, en partant du sud-ouest de la France. Et puis, parce qu’elle « était là », il a remonté quelques années après toute l’Amérique du Sud, toujours en vélo.
Et comme cet ami me dit, « L’aventure ça s’organise » et « on a les amis qu’on mérite ».

— Audrey.