Un avis d’Audrey Aragnou. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».
Oural est exorciste.
Il apparaît pour la première fois dans le roman sur le bord d’une forteresse, scrutant l’horizon sableux qui autrefois était un rivage maritime. Sa mission est de repousser les âmes des animaux et poissons marins qui reviennent à chaque marée haute, pour hanter et détruire ce qui reste de l’humanité.
En effet, les mers et océans, sous l’effet du réchauffement climatique ont progressivement disparu et il ne reste que l’esprit furieux de ceux qui les ont habités.
Considéré comme un héros par ses compatriotes, il possède un secret qui pourrait lui coûter la vie : l’âme d’un dauphin lui est secrètement attachée, et vient l’aider à chaque marée.
Le récit bascule lorsque des pirates sur un affreux navire fantomatique débarquent et détruisent une partie de la communauté. Oural est enlevé par Bengale, le capitaine, qui possède à son bord des âmes d’exorciste emprisonnées dans des cages. Peu à peu, le but de Bengale est dévoilé : il souhaite rejoindre l’Islande, où le grand Léviathan pourrait faire rejaillir les océans si le sacrifice qui est réalisé en son honneur est suffisamment conséquent.
J’ai adoré ce roman. Les images sont très poétiques. Dans le flux et reflux des marées fantomatiques, les âmes verdâtres des méduses, poissons et autres créatures sous-marines surgissent autour de ce bateau pirate dont les voiles cousues de peaux humaines évoquent l’univers de la piraterie.
Récit de voyage, post-apocalyptique, mi fantasy, mi science-fiction, ce roman aborde de façon originale la question de l’écologie et de la disparition des océans. De plus, les personnages sont complexes, notamment celui du capitaine Bengale qu’on déteste franchement au premier abord, mais qui possède un esprit sacrificiel hors du commun. Les relations qu’il a créées avec son équipage sont fondées sur une loyauté et une fidélité à toute épreuve. Les descriptions répondent à la fois à l’ambiance de la piraterie et à celui de la catastrophe climatique. La relation compliquée entre Oural et Bengale est extrêmement bien construite.
Quand j’ai terminé de lire ce texte à la croisée des genres, il a résonné longtemps en moi. Mince alors, me suis-je dit, qu’est-ce que je vais pouvoir bien lire maintenant dans la vie ?
— Audrey.