Meurtres en Abondance, Félix Meynet, avis d’Iphégore Ossenoire

Un avis d’Iphégore Ossenoire. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Couverture
Pour une fois, la neige est arrivée à l’heure ! Autant dire que depuis mi-décembre, mes lectures n’avancent guère. D’où-que-donc-par-conséquent-de-quoi je vais vous parler d’une BD, le genre de lecture qui sied au retour du ski, quand, le corps engourdi et le cerveau brumeux, on n’aspire qu’à rêvasser au coin du feu.

Fanfoué (le François à la sauce savoyarde), c’est un incontournable du folklore local. C’est lui qui vous accueille dans les pâturages pour expliquer aux monchus qu’on ne s’approche pas d’un patou qui aboie, et qu’on contourne les troupeaux. C’est lui et ses pin-up qu’on retrouve souvent sur les affiches des grands évènements du cru. Bref, Fanfoué, c’est notre grand-père à tous !

Dans Meurtres en Abondance, Félix Meynet nous fait redécouvrir les paysages de ce vieux village au gré d’une intrigue imaginaire qu’on pourrait facilement croire vraie. Fanfoué est appelé par un ami devenu curé. Celui-ci prévoit de raconter l’émigration des habitants d’Abondance en Argentine du temps où l’on ne pouvait pas nourrir tout le monde. Voilà qui réveille de vieilles querelles de village et le curé est menacé de mort.

Fanfoué prend donc le bus pour rejoindre Abondance, grignotant quelques atriaux  en chemin. Comme dans chaque épisode, il croise des femmes aux courbes fantasmées et nous rappelle combien nos anciens ont l’œil aiguisé.

Une fois arrivé, le Fanfoué enquêtera tout en récoltant de magnifiques roustes tantôt dues au tempérament d’un bûcheron, tantôt dues aux risques de l’exploitation forestière. Son plus terrible ennemi sera cependant le café bouillu de Léontine, la nonne qui vit avec le curé.

On se demande tout le long de l’histoire qui est vraiment le corbeau et, plus tard, l’assassin, tant les personnages semblent tous avoir quelque chose à se reprocher. Le folklore est magnifiquement bien rendu; Félix dépeint une Haute-Savoie que peu de touristes connaissent, car en marge des stations de ski. La succession de violence, de pardon, de gnôle partagée, d’amitié nouée qui explose sous une ire soudaine est si vraie !

Les vieux décors, les vieux skis, les pin-ups, le tempérament bonhomme de Fanfoué sont toujours un plaisir à retrouver. Le tout à savourer avec un bol de chocolat chaud !

 

— Iphégore.

Meutres en Abondance, Félix Meynet, Horizon BD
Le site de l’auteur