Phare 23, de Hugh Howey, avis d’Audrey Aragnou

Un avis d’Audrey Aragnou. Souvenez-vous : « autant de têtes, autant d’avis ».

Les Humains sont en guerre contre des extraterrestres, les Ryphs, et sont parvenus à un statu quo.
Le narrateur – dont le nom reste longtemps un mystère- est gardien de phare dans l’espace. Il surveille une balise qui éclaire les engins spatiaux passant à proximité. Des pirates stellaires, des sabotages appartiennent à son quotidien.

En contact régulier avec la Nasa, entre passé et présent, par petites touches, il évoque ce qu’il a vécu en tant que militaire, notamment une action qui lui a donné un statut de héros mais qui lui pèse considérablement. En effet, cet acte de bravoure est fondé sur un mensonge.


Le gardien semble parfois voisiner avec la folie, dans sa solitude, et tient de longues conversations avec un caillou spatial. Sa solitude s’interrompt à plusieurs reprises. A partir du moment où il protège une de ses anciennes collègues fugitives, le récit s’accélère et prend une autre dimension, où se posent différentes questions qui donnent de l’ampleur à l’histoire. L’adoption d’un chien extraterrestre, la rencontre avec une mécanicienne de l’espace, des contacts avec l’espèce belliqueuse à laquelle les Humains se confrontent transforment notre personnage perdu en un homme attachant.


Le récit possède une réelle poésie et Hugh Howey plante un décor dans l’espace où le parallèle entre la solitude du gardien de phare maritime et spatial est parfaitement réussi. Les interrogations d’un ancien soldat autour d’une guerre absurde, le questionnement sur la définition de l’héroïsme, donnent une belle profondeur au texte qui devient de plus en plus touchant au fur et à mesure de la lecture.


Hugh Howey crée des personnages forts et d’une profonde humanité. Ils sont faillibles, mais courageux et le narrateur de Phare 23 reste dans cette lignée. Dans des environnements hostiles (c’était le cas pour la série de science-fiction Silo), l’auteur donne espoir dans l’homme et son courage. J’ai beaucoup aimé toute la partie où on comprend enfin l’épaisseur du héros. Son attachement à ce chien extraterrestre qu’il va récupérer de façon improbable, la façon un peu maladroite dont il entreprend de courtiser la mécanicienne dans un environnement hostile… et puis les failles auxquelles il essaie de faire face. Alors que toute l’humanité est en guerre, il se pose constamment la question dérangeante du « bon côté ».

C’est vraiment un beau texte, assez court finalement, très dense, qui vous prend et vous interroge progressivement.

— Audrey.