Pierre-de-vie, Jo Walton, avis d’Anna Combelles

Applekirk est un village rural situé dans les Marches, la région centrale d’un monde où le temps ne s’écoule pas à la même vitesse selon que l’on se trouve à l’est – où la magie est très puissante et où vivent les dieux – ou à l’ouest – où la magie est totalement absente.
C’est la fin de l’été, et la vie s’écoule paisiblement pour les villageois. Mais le manoir va être mis sens dessus dessous par le retour de Hanethe, qui fut autrefois la maîtresse des lieux. Partie en Orient, elle y est restée quelques dizaines d’années. Mais, plus à l’ouest, à Applekirk, plusieurs générations se sont succédé. Ayant provoqué la colère d’Agdisdis, la déesse du mariage, Hanethe la fuit. Mais Agdisdis est bien décidée à se venger.

L’histoire

Subtil roman de fantasy – prix Mythopoeic en 2010 –, Pierre-de-vie dresse le portrait de femmes simples et merveilleuses, d’une famille sans histoires, mais singulière, confrontées à des changements qui les dépassent, dans un monde hors du commun.

Mon avis

Depuis que j’ai découvert cette auteure, grâce aux éditions Denoël, je lis tous ses romans. Je n’ai donc pas hésité à choisir celui-ci, pour ce nouveau partenariat, même si c’est un « vieux » livre qui est republié.

Je remercie donc doublement les éditons Denoël, pour cette nouvelle lecture et pour la découverte de cette auteure.

Un début difficile.

Mais même si je suis devenue fan de l’auteure, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman. Le style, d’abord, m’a dérouté. Écrit essentiellement au présent (avec quelques très rares passages au passé) ce roman demande au lecteur un petit effort pour bien comprendre ce qui se passe maintenant, ce qui s’est passé avant, mais qui est aussi raconté comme si cela se déroulait « maintenant » et ce que pense les personnages.

Mais une fois ce principe compris, et le cerveau habitué (magique, tout de même, le cerveau !), le livre est fluide et très agréable.

Un autre point peut dérouter les lecteurs, mais comme j’aime et pratique aussi cet effet dans mes livres, je n’ai pas été dérangée, c’est le changement de narrateur dans un chapitre ! Cela permet de visualiser tous les points de vue. C’est assez peu classique et même décrié par certains. Mais Jo Walton a su conserver cette façon d’écrire dans les romans suivants et je la remercie pour cela.

Un temps pour tout, mais pas pour tous.

L’autre point de narration qui peut surprendre, c’est la gestion du temps. Que ce soit avec de monde bizarre où le temps fluctue en fonction de votre situation géographique, ou dans le récit lui-même, le temps a une belle importance.

De ce fait, un personnage peut partir trois mois et passer quatre ans là où il s’est rendu. Une femme partie soixante ans, alors qu’elle avait déjà 37 ans, revient en en paraissant à peine la cinquantaine ! C’est juste génial !

Des personnages touchants de charisme.
Comme dans ces autres livres, les personnages sont sa réussite. Ici, j’ai préféré Vaneth. Mais Hanethe la talonne ! Ces deux femmes ont des caractères opposés, forts et vraiment bien construits.

Les hommes ne sont pas en reste, et les enfants sont adorables. Bref, les personnages et leur vie, leur magie, leurs combats respectifs donnent une âme au roman.

La fin

Chut… est-ce vraiment une fin ? Ou le début ? Et cette histoire que nous narrent tous ces merveilleux personnages ne pourrait-elle pas être écrite pour que les enfants des enfants s’en souviennent et comprennent le passé ?

Car, tout le roman tient sur cette question : comment raconter cette aventure qu’ils ont vécue avec le retour d’Hanethe ?

Je vous le disais, ce livre est déroutant !

Au final

Les mots pour : Charisme, changement de temporalité,

Les mots contre : narration au présent (même si je m’y suis habitué).

En bref : un roman sympathique qui aborde la fantasy différemment. Des personnages féminins touchants.

— Anna.