Par Catherine Loiseau.
Je vois beaucoup passer d’interrogations sur les réseaux sociaux au sujet des processus d’écriture. Je vois des gens qui se posent des questions sur comment faire un plan, comment créer des personnages cohérents. Je vois des gens qui doutent, qui ont l’impression de ne pas être à la hauteur et qui parfois abandonnent.
Ces doutes et ces questions, ils me tourmentent aussi et je pense que personne n’en est à l’abri.
J’ai remarqué pour ma part que les doutes sont très forts et paralysants lorsque je me mets trop la pression, notamment au niveau de l’écriture du premier jet.
C’est pour cela que je voudrais aujourd’hui parler d’une notion importante : celle de dédramatiser le premier jet.
Pour les néophytes, le premier jet, c’est la première version terminée de votre histoire, qui sera ensuite travaillée, réécrite, corrigée, maudite, retravaillée, recorrigée, insultée, reretravaillée, rerecorrigée, etc… Bref, vous voyez où je veux en venir ^^.
C’est une étape impressionnante, parce que c’est la première brique d’un projet. C’est un cap difficile à passer, on a souvent tendance à s’en faire une montagne, mais je pense vraiment qu’il faudrait dédramatiser cette étape.
Et voilà quelques arguments !
1. Le mérite d’exister
Pour moi, c’est son principal intérêt : le premier jet a le mérite d’exister. Ça ne va pas plus loin.
Le premier jet me permet de me sortir l’histoire de la tête et de la mettre sur le papier (ou dans le fichier informatique, si on veut être précis).
Le premier jet est un brouillon, une ébauche. Il y a des choses qui vont être bonnes, d’autres moins, d’autres carrément mauvaises, mais ce n’est pas grave.
Le premier jet n’a pas vocation à être parfait. Pourquoi ?
2. La nécessaire imperfection
C’est quoi un bon roman, une nouvelle nouvelle, ou une bonne série ?
C’est une histoire qui tient la route, qui a du rythme, des rebondissements, un univers cohérent.
C’est des personnages, qu’on adore ou qu’on déteste, qui ont leur propre caractère, leurs réactions et qui eux aussi doivent être cohérents.
C’est des mots et des phrases qui doivent faire sens, ne pas être lourds, ne pas être obscurs. Et surtout sans faute.
Bref, c’est compliqué.
Une bonne histoire pour moi, c’est une alliance d’une multitude de paramètres qui faut ajuster.
C’est impossible à réaliser du premier coup.
Depuis le temps que j’écris et que je lis, je n’ai encore rencontré personne capable d’écrire parfaitement du premier coup.
Oui, il y a des auteurs qui sont capables d’écrire bien du premier coup (Roxanne Tardel ou Andréa Deslacs, par exemple). Oui, il y a des passages qui vont sortir parfaitement.
Mais autant vous mettre ça dans le crâne : écrire, c’est aussi réécrire.
Donc, pas la peine de se mettre la pression et de chercher la perfection immédiate.
Ce qui m’amène à mon troisième point.
3. La bienveillance
Soyez bienveillants avec vous-même. Oui, je sais, ça fait un peu bisounours new age, mais je pense que c’est fondamental.
Ecrire, c’est dur et c’est compliqué.
Ne vous jugez pas trop durement. Ne vous dépréciez pas. Même si vous doutez, même si vous avez l’impression que ce vous écrivez c’est de la merde, ne laissez pas court à ces pensées négatives.
Je ne sais plus qui l’a dit (peut-être Stephen King) mais on écrit le premier jet pour soit et les suivants pour les autres.
Pour moi, c’est très vrai. Faites-vous plaisir avec votre premier jet. Ecrivez l’histoire comme vous le sentez, comme vous en avez envie.
Vous n’avez pas à montrer cette version (mes premiers jets sont souvent très crades et boiteux, je préfère les recorriger avant de les montrer. Honnêtement, les personnes qui ont lu une de mes premiers jet doivent se compter sur les doigts d’une main). Donc lâchez vous, personne ne vous jugera !
Et je vous promets qu’une fois que vous aurez posé le mot « fin », vous vous sentirez plus léger et que vous aurez déjà accompli une bonne partie du travail (ne restera « plus que » les corrections, mais chut, on en reparle une autre fois ^^).
— Catherine