Par Audrey Aragnou
Il me semble qu’elle a deux origines, une spontanée, et une issue des recherches.
Je me souviens que lorsque j’avais écrit la nouvelle Tête de bocal pour la revue Etherval, quelques années auparavant, je regardais de nombreux reportages sur l’Antarctique et l’Arctique. Une image m’avait particulièrement frappée : celle d’un brise-glace, rouge, qui s’élevait sur la banquise et retombait en la disloquant. De là, mon esprit fantasque avait imaginé une tortue géante, ensanglantée, blessée par le froid… et un proche à qui j’avais raconté l’anecdote m’avait parlé « de l’araignée qui s’agitait dans mon bocal ». De là était né le héros, dont la tête en verre, abritant une arachnide, se fissure progressivement, dans un univers gagné par les icebergs suite au réchauffement climatique. Les ours et les phoques errant dans la ville s’étaient échappés des reportages que je visionnais.
Le Pingouin de mon roman vient d’un texte très court que j’avais rédigé, adolescente. Un oiseau tirait derrière lui dans le désert un réfrigérateur où il s’installait dès qu’il avait trop chaud. De façon récurrente, j’écrivais des textes très brefs autour de cet animal, à l’époque toujours muet. (Il s’est bien rattrapé depuis). Quant au Chat, il est issu de ma période « physique quantique » et du Chat de Schrödinger, qui traverse le temps et l’espace.
Parfois, c’est la recherche graphique qui fonctionne aussi. Lorsque je veux fixer les choses, je dessine. Et les formes s’associent de façon poétique pour libérer des idées et connexions inattendues.
— Audrey