Par Andréa Deslacs
Je ne vous parlerais pas du prologue (oui, je sais, vous êtes déçus, les prologues sont toujours une bonne raison de se lancer des débats)…
En effet, le prologue peut se dérouler dans un autre temps, un autre lieu, avec d’autres personnages.
En revanche, dès les premiers chapitres, le lecteur semble en quête. Il cherche avec qui il va se lier avec force, à qui son empathie va s’accrocher, qui emportera sa sympathie (ou sa détestation). Ainsi, il voit LE héros (pardon, mais moi, l’écriture inclusive, ce n’est pas mon truc… donc « les héros » ou héroïne(s)) dès qu’on lui présente un nouveau personnage.
Halte-là, ô lecteur ! Calme tes ardeurs affectives ! Combien de pages me donnes-tu pour te révéler qui est le vrai héros de ce texte ? Une « partie » entière (plusieurs chapitres) ? Voilà qui me permettrait de te faire découvrir le monde via une focale innocente, ou une victime (quelqu’un qui va quitter le récit en passant la main au vrai héros).
Quoi, je te frustre ? Tu t’étais attaché et tu ne vois pas pourquoi tu continues à lire alors que le personnage que tu aimais bien te quitte pour un à-peine-inconnu… Hum… Tu n’as pas tout à fait tort, ô lecteur, mais… Bon, d’accord ! D’accord ! Du calme ! Je peux te faire mariner quelques chapitres avec le mauvais personnage. Arf… Pas trop alors…
À titre personnel, avec mon cycle Heaven Forest, j’ai bien exploré cette situation problématique. L’inspecteur Rhys arrive avec le chapitre 1 et sert de focale introductive pendant les premiers chapitres. Il devient vite dans l’esprit des lecteurs « le héros ». Et il est rapidement devenu impossible de ne pas le garder parmi les personnages importants de l’histoire. Toute l’intrigue a été ainsi revue.
Car, quel serait l’intérêt de choisir de commencer un récit par un personnage secondaire ?
* Présenter l’univers et les autres personnages plus importants en les faisant découvrir en douceur aux lecteurs.
* Garder le mystère en n’exposant pas les pensées intérieures d’autres protagonistes plus importants.
* Créer un fort impact psychologique chez le lecteur quand le premier personnage va être l’objet d’une situation périlleuse (mort ou emprisonnement ou enlèvement), qui va demander à revoir tout le récit sous un œil nouveau.
Au total, au vu de mon expérience, je conseille de commencer un récit soit directement par le personnage clef, soit d’avoir une bonne raison de débuter l’histoire par un autre protagoniste, et de rapidement apporter le bon héros dans l’histoire.