Par Catherine Loiseau.
La mienne s’appelle Jean-Mie.
Jean-Mie est né sous la plume de Rozen Illiano, une de ses héroïnes a appelé son syndrome de l’imposteur « Jean-Mi ». Sous les crayons de Colliandre, compagnon de Rozen, « Jean-Mi » est devenu « Jean-Mie », une miche de pain agressive qui a pour but de vous rabaisser.
Jean-Mie est mon éditeur interne et me dit quand j’écris que je fais de la merde. Que je ne suis pas assez bonne. Que tous mes personnages sont nazes, mes dialogues pourris et mes descriptions tristes à pleurer. Jean-Mie me dit que je n’arriverai jamais à rien.
Jean-Mie est très chiant et on est beaucoup à avoir un Jean-Mie dans la tête, qui nous dit qu’on fait de la merde. Notre éditeur interne. Ou plutôt notre emmerdeur interne.
Parce que Jean-Mie ne sert à rien. Jean-Mie se contente de dire que je suis nulle, sans proposer de solution, sans soulever de points précis à améliorer.
Et c’est la limite de Jean-Mie.
C’est pour ça que j’arrive à l’ignorer (pas tout le temps et au prix de gros efforts, je l’avoue).
Cette voix dans votre tête qui vous dit que vous faites de la merde, vous avec le droit de l’ignorer si elle ne vous pointe pas précisément et objectivement ce qui cloche et si elle ne vous suggère pas comment vous améliorer.
Cette voix qui râle, qui n’est jamais contente, pour qui vous n’êtes jamais assez bien, balancez-la aux orties.
Écoutez plutôt les autres voix. Celles qui vous disent « moui… tu es sûre de toi ? Parce que là le dialogue a un truc qui me dérange », ou « Bon, la description est pas ouf, mais j’aime bien l’ambiance poétique qui en ressort. Si on se concentrait là-dessus » ?
Bref, cherchez ce qui cloche, mais cherchez aussi comment l’améliorer, plutôt que de laisser Jean-Mie vous dire que vous êtes de la merde.
Surtout, n’oubliez pas, cette voix qui vous dit que vous êtes de la merde n’a pas la vérité. Ne la laissez pas vous casser les jambes !
— Catherine