Par Catherine Loiseau
Le mot « autrice », c’est un mot qui fait débat, mais c’est un terme que j’ai choisi d’employer, et aujourd’hui, je vous explique pourquoi. Quand j’ai commencé à écrire, on disait « un auteur », ou « une auteure ». Les plus aventureux disaient même « auteurE ».
Depuis quelques années, le mot « autrice » s’est généralisé, mais il y a encore des gens que ça défrise, qui trouvent ça moche, vulgaire (oui, je l’ai entendu), qui crient au scandale, à la trahison de la langue française, etc.
Donc déjà, aux gens qui s’énervent parce qu’on emploie le mot autrice et qui vont insulter les gens : buvez une tisane. Camomille ou tilleul, c’est bien pour se calmer les nerfs. Et si vraiment vous êtes énervé, très colère et que vous ne supportez définitivement pas le mot autrice, vous pouvez essayer digitale, belladone ou datura, aussi. Bref.
Moi c’est un mot que j’ai choisi d’employer pour plusieurs raisons.
D’abord parce que « auteurE », c’est trop timide. On n’entend pas la différence. Ça fait « excusez-moi d’exercer une profession d’hommes, je vais essayer de ne pas prendre trop de place ».
Et ça, à titre personnel, ça me gonfle. On ne va pas revenir sur les difficultés des femmes dans le monde de l’édition et le monde littéraire en général, mais c’est important d’avoir un terme qui dit « femme auteur », et où on l’entende. On est des femmes, on écrit, on publie, on existe.
Ensuite, ben autrice, c’est plus logique. On dit bien acteur et actrice et personne n’y trouve à redire. Le mot « autrice » existe en italien par exemple. Alors si on est plus macho que les Italiens, on a du souci à se faire, les enfants.
On dit aussi : Conducteur, conductrice ; directeur, directrice, facteur/factrice, et pour rester dans les professions artistiques : éditeur/éditrice, illustrateur/illustratrice, dessinateur/dessinatrice, correcteur/Correctrice, producteur/Productrice, enfin voilà, vous voyez le topo.
Et puis après, le français, c’est une langue vivante et une langue vivante, ça évolue. Et cette évolution elle passe par l’invention de nouveaux mots, par l’intégration de mots étrangers (même si on est d’accord, il y a des excès au niveau des anglicismes, hein) et par la féminisation tant attendue de certains termes.
Alors moi je continue à employer le mot autrice, et je suis ravie de voir que ça se généralise et que j’ai moins de réflexion du genre « ouais, c’est bizarre » ou « ouais, c’est moche ».
— Catherine