Par Iphégore Ossenoire
Écrire, il paraît que c’est une drogue. Ça commence par une idée, un bout d’histoire dans un monde imaginé auquel on s’attache, avec des personnages qui hantent nos rêves, au point que le bout devient un pavé, puis qu’il appelle d’autres tomes, comme le démon ayant capturé sa proie, poussant à écrire encore et toujours. Bien sûr, il y a des bas, des abîmes, des moments de grand découragement, mais la rechute est souvent juste derrière, et l’écriture se poursuit envers et contre tout. Alors, quand arrêter ? Comment s’affranchir de cette déraison ?
Il vient un moment où il suffit de se retourner sur sa chaise pour voir tous les mondes que l’on a créés au point qu’ils agissent à travers nous. Et là-dedans, si l’on fait le ménage, il devient possible de cesser de penser à tout ce qui manque dans nos écrits. Ne plus chercher à combler un vide ; pour certains, à tenir le miroir de son esprit torturé. Ainsi vient la paix et, avec elle, l’absolution : ne plus avoir besoin d’écrire.
Écrire est un immense et rigoureux travail qui nous confronte perpétuellement à notre intérieur et à notre imaginaire. Quelques fois, la pause s’impose. Ça fait bizarre, de retrouver des rêves normaux. De laisser tout cela décanter sans enchaîner avec un énième projet. Comme si tout avait été écrit. Alors, on arrête d’écrire.
Pour un temps. Un temps marqué par l’évolution de sa conscience, qui nous projettera dans un autre état d’esprit. Lequel devra être analysé, aura ses propres défis et, partant, de nouvelles idées à explorer, donc de nouveaux récits, de nouveaux mondes. Ainsi, chers auteurs, lorsque vient la pause, profitez ! Bayez aux corneilles. Redécouvrez tout ce que vous pouvez faire de toutes ces heures libérées.
Ça vous reviendra dans la tronche bien assez vite, soyez en sûrs !
— Iphégore