Se déplacer en salons : bonne ou mauvaise fortune ?

Par Andréa Deslacs.

Les salons ou conventions d’imaginaire ou généraliste sont des moments forts où l’on a le plaisir de rencontrer ses lecteurs et de pouvoir discuter avec eux.
Toutefois, l’aventure est parfois hasardeuse pour les auteurs.
Déjà, il va falloir savoir si le salon est gratuit (invité ?) ou payant (par qui ? vous ou l’éditeur ?)
D’habitude, un auteur se déplace avec ses romans. Il les a achetés auprès de son éditeur avec une petite remise (la part destinée au libraire, souvent). D’autres fois, envoyé sur place par sa maisons d’éditions, il ne touchera que son pourcentage d’auteur sur les ventes : 10%.
Quand un auteur est en dédicace en magasin ou sur un stand de convention géré par une librairie, il devra céder à cette dernière la part libraire (entre 30 à 40% du prix du livre). Il n’a donc pas à intérêt à avoir acheté ses livres avec juste 10% de remise, parce qu’alors sur chaque vente, il sera de sa poche !
Si l’auteur est seul sur un stand, il lui faut gérer sa caisse : tenir une feuille de compte, avoir de la monnaie et si possible un lecteur de carte bancaire. Tous les auteurs d’Hydralune ont des lecteurs de CB de la marque SumUp, et on aurait dû demander un prix de groupe à cette banque ! D’autres marques existent, il faut voir les % de transactions de chaque système avant d’en choisir un.
Vous voilà donc prêt ! Avec des livres à vendre et des sous pour rendre la monnaie !
Prêt… ? Pas tout à fait !
Avez-vous travaillé l’aspect accueillant de votre stand ? Une nappe (aux normes incendie M1), des affichettes, de la décoration, une bannière ou un « rollup » avec votre univers/noms/titres d’œuvres pour attirer l’œil ? (et qui les paie ? qui a payé le graphiste ?)
Comment posez-vous vos livres ? Sur la table en piles ? Avez-vous un système de reposoirs pour en avoir certains à la verticale pour les rendre mieux visibles ?
Avez-vous de quoi donner un peu de promotion aux lecteurs qui passent trop vite ou hésitent ? Des flyers, ou des marque-pages ? (et qui les paie, vous ou l’éditeur ?)
En cas d’achat, prévoyez-vous un petit cadeau ? Un sac ? Un marque-page ? Un petit objet ? Un origami ? Un bisou ? Une photo du lecteur avec le livre pour mettre sur vos réseaux pour améliorer votre promo ?
Ah, vous trouvez que je suis un peu ironique ? Et que je vous parle trop de coût lors de ce salon ou joyeuse convention ? Mais il faut aussi parler d’argent, ne pas en faire un tabou. Je pourrais ainsi vous parler du coût lié au fait que vous ne travaillez pas ce WE-là ou la veille/le lendemain si le déplacement est lointain. Des frais de transports (transport en commun, voiture, avion, vélo, etc…). De logement sur place (hôtel, AirB&B, incruste chez des amis ou la famille). Ainsi que des frais de nourriture (sur les salons, le moindre bol de riz coûte cher et le plus rude, c’est le resto entre auteurs ! Un beau moment de partage, et heureusement pas que de l’addition !). Voire peut-être l’achat ou la confection de votre costume (non, on ne dit pas « déguisements », même si ce n’est pas un cosplay, vous y risquez souvent votre vie). Et votre stand, il comprenait bien une table et une chaise, hein ? Ce n’était pas à vous à fournir le mobilier en plus de ne pas avoir été invité et d’avoir payé votre place, n’est-ce pas ?
Bref, bref, bref.
Faire des salons est un moment génial (je le sais bien, j’adore en faire tout plein à titre personnel), un instant d’échanges et de partage, mais ce n’est pas toujours quelque chose de « rentable ». Il faut savoir calculer ses frais. Il faut penser à convertir ces frais en nombre de livres minimum à vendre. La plupart des auteurs ne vont pas réellement « rentabiliser financièrement » leur déplacement. Ils se seront enrichis psychologiquement, d’échanges sociaux, d’une énergie donnée par des gens qui aiment leur travail. Quel moment d’absolu plaisir quand quelqu’un revient vous prendre un tome suivant pour avoir adoré le premier !
Cependant, il faut rester lucide : écrire et faire des salons, est-ce un loisir pour vous, quitte à ne jamais rentabiliser votre activité (déjà que créer votre œuvre aura peut-être dévorée vos nuits et vos temps de repos ?) ? Ou voulez-vous vivre de l’écriture ? Et dans ce cas, maîtriser les lettres, c’est bien, mais les mathématiques, cela devient également indispensable.

— Andrea