La Déferlante, de Iphégore Ossenoire

Illustration de Yanis Cardin

Auteur : Iphégore Ossenoire
Genres : Fantasy, Light Fantasy, Romance Public : adulte, jeune adulte

La paix est révolue.
Après une défaite cuisante en haute mer, le royaume de Vorme subit l’invasion du Souquenille. Le peuple ne sait comment réagir. Le Grand Amiral dépêche des aventuriers au-delà du front, les armées ducales peinent à contenir l’ennemi, des héros sortent de leur retraite pour montrer la voie à qui veut bien les suivre. L’injustice qui s’abat chagrine des dieux confrontés à leur impuissance tandis que les dragons, maîtres absolus et invisibles, se refusent à agir. Le Souquenille impose un choix moral qui fait voler la société en éclats. Que restera-t-il une fois le printemps venu ?

Iphégore Ossenoire signe là un roman léger qui brasse les éléments de la fantasy d’une manière qui lui est propre. Les descriptions nerveuses et ciselées font la part belle à l’aventure. Ce tome unique fera un bon compagnon de trajet.

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Le mot de l’auteur :

J’ai toujours trouvé plus facile de découvrir un auteur à travers un ouvrage bref ; un seul tome qui nous fait frissonner et apporte une véritable conclusion. Pas comme ces séries télévisées où l’on nous fait comprendre que si l’audience est au rendez-vous, il y aura une suite. Un tome, un début, une fin. Cela n’empêche pas de retrouver les personnages dans un autre livre, d’arpenter par ailleurs le même monde et de le voir évoluer à plus grande échelle. Je crois fermement qu’il faut donner à chaque histoire son espace, et s’efforcer de convaincre encore et toujours le lecteur. Lui laisser la liberté de partir sans remords, et lui donner envie de goûter aux prochaines épopées.

Je m’y emploie avec une culture profondément moderne. Les schémas politiques sont issus de l’histoire de l’Europe, les rouages commerciaux sont ceux du libre-échange. La culture japonaise teinte celle du fromage et de la baguette. Les dragons, les dieux, l’omniprésence de la magie, y compris dans le style architectural, résultent du mélange de tout ce que notre époque m’a permis de lire, de voir et de jouer. Tout cela, je le projette dans un univers aux allures de Moyen-Âge fantasmé, traversé par la Renaissance. S’il s’agit assurément de fantasy, c’est-à-dire d’un univers féérique, il ne se cantonne en rien aux codes de la High Fantasy. Nous comptons parmi les survivants, peut-être les derniers, du XXIe siècle. Le bonheur se construit en piochant dans le meilleur d’une humanité millénaire.

Avec La Déferlante, je vous propose de vous évader du quotidien pour le regarder sous un autre angle, et vivre une aventure plaisante autant que difficile. La légèreté du féérique est une affaire de style ; elle traite toujours des sujets les plus sombres.

Vous n’y croyez pas ? Seriez-vous, comme moi-même auparavant, dubitatif quant à la capacité des Français à écrire de la bonne fantasy ? L’ère numérique vient à votre secours : à moindres frais, sans DRM, vous pouvez tenter l’expérience. Alors, je suis certain que vous conviendrez que notre langue possède des qualités auxquelles aucun ouvrage anglo-saxon ne peut prétendre, quelle que soit la qualité de la traduction. Nous pensons, vivons et nous exprimons différemment. Lisez la différence, franchissez le pas ! Je vous attends.

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Extrait
Luéos le Juste se baignait dans son lac. Il l’avait conçu vaste, plutôt profond et d’une eau limpide qu’alimentaient cinq rivières en provenance des monts avoisinants. À son bout, l’étendue se déversait dans un fleuve qui serpentait jusqu’à une mer lointaine. Chaque année, les saumons remontaient l’affluent, traversaient le lac, puis bondissaient au-dessus des obstacles qui ponctuaient le cours des torrents. Luéos aimait tant les détails qu’il avait placé quelques forêts et introduit une poignée d’ours bruns qui prélevaient leur dû afin de réguler la population de salmonidés.
L’esprit allégé par la proximité de la nature, le dieu se laissa couler jusqu’à ce que la ligne d’eau atteigne la base de son nez. Alors, il expira, et une série de bulles jaillit à la surface, juste devant ses yeux, pour son plus grand et simple plaisir.Comme il le disait souvent, on répond le mieux aux tracas de l’existence en s’émerveillant tel un enfant devant la beauté du monde qui nous entoure. C’est en libérant ainsi ses pensées que les solutions les plus sages s’imposent.Il se remit donc à buller.

Il avait été banni, une fois de plus, comme on chasse la mouche importune. Tu veux servir à quelque chose ? Vlan ! Prends ta pelle et ton seau, et va jouer ailleurs. Ça ne manquait jamais. Au prétexte qu’il convenait de prémunir le monde des ravages que causerait la concurrence des panthéons, on avait institué des gardiens. Par nul ne savait quel raisonnement, ils avaient décrété que la plus parfaite protection consistait à réprimer toute intervention d’ampleur.

Si on leur avait demandé d’éviter que l’Homme ne fasse l’âne, ils l’auraient empêché de penser. Oh, certes, un dieu pouvait se montrer, danser, bêler, même ! Luéos, le divin mouton ! Justice, honneur, fierté ? Bêhêhêhêhê !

Cette règle lui paraissait idiote autant que sa vulnérabilité l’insupportait. A-t-on jamais eu idée de réduire les dieux à l’impuissance ?

Oui, mieux valait buller… Retrouver le calme des origines, l’insouciance du vent, les souvenirs du temps passé avec son père, Ao, le maître de leur panthéon…

Cependant, une présence s’était manifestée en son royaume, une présence qui s’était approchée de lui par-derrière et dont le voisinage, lourd de sérieux, gâchait ses frivolités. Elle acheva de le détourner de sa quête d’allégresse en pestant depuis le bord :

— Tu pourrais tenir tes anges, Luéos ! s’indigna Felgrina. Ils s’entraînent si durement qu’ils se seraient attendus à ce que je m’écarte de leur passage. Moi ! M’écarter ? T’en rends-tu compte ?

Le dieu aurait voulu sombrer pour que l’eau taise les propos de la déesse, mais il savait qu’elle ne serait pas venue jusqu’ici, dans sa résidence au milieu du cosmos, sans une idée derrière la tête. Il se retourna donc et ressortit sa bouche pour répondre d’un air détaché :

— Oh, oui. Ils sont ainsi à l’éveil du Mal, lorsqu’ils le sentent sur le point de s’étendre. On n’y peut rien faire.