Myriade, de Catherine Loiseau

Illustration de Shozart

Auteur : Catherine Loiseau
Genres : FantasyPublic : adulte

Dans la tentaculaire ville de Myriade, cinq destins s’entrecroisent.

Cigfran, prince corbeau à la cour des féériques, navigue entre fêtes et complots. Sa route croise celle de Perelas, jeune soldat fraîchement arrivé à la caserne des anges. Le jeune homme, naïf, peine à trouver sa place dans ce monde implacable. Tiraillé entre son devoir et son attraction grandissante pour Cigfran, Perelas doute.

Elinor est une jeune fille déterminée, qui entre à la cour des spirites comme domestique pour retrouver son frère disparu. Elle y rencontre Naraswaï, Passeuse d’âmes. Celle-ci doit bientôt affronter ses pairs afin de remporter la porte des mille âmes, la plus grande des portes aux esprits de Myriade. Pour supporter la douleur de cette épreuve, elle s’entraîne avec Emericus, démon de la Douce Agonie. La jeune femme suscite en lui des sentiments troublants, tandis qu’une série de meurtres frappe les démons.

Derrière les masques et les faux-semblants, les ombres s’agitent et Myriade pourrait s’embraser en quelques instants.

Myriade est un roman de dark fantasy, à la fois sombre, riche et baroque. La plume délicate de Catherine Loiseau vous emmènera dans les rues des bas quartiers, dans les souterrains des spirites et dans les alcôves des cours, pour un voyage qui marquera votre âme.

Plongez dans Myriade !

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Extrait

Le sang des deux assassins imbibait lentement l’herbe de rouge. La vision aurait peut-être tiré un poème à un autre, mais elle n’arracha qu’un croassement d’ennui au prince Cigfran. Il agita ses ailes noires et lissa ses plumes.

— Mon prince !

Une cavalcade retentit et des mains écartèrent les buissons. Cigfran reprit sa forme humaine et se drapa dans sa cape d’ombres alors que son escorte déboulait. Ewen fut le premier, épée au clair. Il s’arrêta net en voyant les corps au sol, puis leva les yeux vers son seigneur, qui avait ramassé la dague d’un des importuns pour se curer les ongles.

— Eh bien, heureusement que vous arrivez, j’étais en bien mauvaise posture, railla-t-il.

— Je… Je suis confus, mon prince, bafouilla Ewen.

Colère d’avoir failli à sa mission et peur du châtiment se disputaient son visage aux traits fins. La famille impériale des corbeaux n’aimait guère les ratés dans ce genre. Et un prince assassiné alors qu’il allait soulager sa vessie faisait désordre.

Mais Cigfran n’était pas d’humeur à la punition. Trop de travail. Il se borna à secouer la tête.

— Vous serez de corvée de latrines quand nous arriverons au palais de Myriade, lança-t-il.

Ewen et les autres s’inclinèrent.

— Bien, mon prince.

— En attendant, fouillez-moi ça et voyez si vous trouvez quelque chose qui pourrait nous informer sur le commanditaire.

Cigfran doutait qu’ils découvrent quoi que ce soit, mais misait sur sa tante Mahaut. La mère de son cousin ne l’avait jamais aimé et, malgré l’affection que ce dernier lui portait, elle avait plusieurs fois essayé de le supprimer. Cigfran ne lui en tenait presque pas rigueur. C’était monnaie courante à la cour féérique.

De plus, ce duo d’assassins avait pimenté un voyage jusque-là bien morne. Lui tendre une embuscade alors qu’il cherchait un peu de solitude pour libérer sa vessie, c’était lâche mais efficace. Le premier avait d’ailleurs presque failli l’avoir. Il n’avait dû son salut qu’à ses ombres – l’apanage des corbeaux – qui lui avaient permis de se défendre et de se défaire de ses ennemis.

— Mon prince ? Désirez-vous des vêtements ? s’enquit Ewen.

Cigfran réalisa que la transformation en corbeau avait eu raison de son pourpoint et de ses chausses et qu’il n’était vêtu que de sa cape d’ombres. Son garde du corps ne pouvait se détacher de la peau blanche qui transparaissait entre les pans de ténèbres.

Cigfran se laissa admirer un instant, goûtant le trouble qu’il lisait sur le visage du jeune homme, avant de répondre :

— C’est préférable, occupe-t’en.

Ewen fila sans demander son reste et Cigfran admira le fessier rebondi du demi-féérique. Il avait eu raison d’employer ce métis d’humain et de dryade. Il était aussi efficace que décoratif. Et pour l’instant, loyal.