Kerys, de Catherine Loiseau

Illustration de Bruno Castille

Auteur : Catherine Loiseau
Genre : Steampunk lovecraftien Public : Adulte, jeune adulte

Kerys, automne 1890
La petite île, contrairement aux autres nations, est relativement épargnée par les attaques d’Abominations, monstres venus d’une dimension parallèle qui ravagent cette Terre depuis des décennies. Les brigades du mercure, sous la houlette du capitaine Rocheclaire et du commissaire Simonet, protègent en effet la population des envahisseurs. Grâce à leurs armes perfectionnées, à leurs androïdes et au génial Maximilien Rocheclaire, ils pensent la situation sous contrôle.
Malheureusement, la menace se révèle rapidement pire que tout ce qu’ils auraient pu imaginer… Les humains vont devoir déployer des trésors d’ingéniosité et de courage s’ils veulent survivre.

Kerys est une trilogie steampunk, à l’ambiance inspirée de la Belle Époque, avec ses élégantes dames, son architecture raffinée, sa capitale qui ne semble vivre que pour la fête.
Mais ces brillantes lumières ne sauraient cacher les Abominations qui rodent, et que Lovecraft lui-même n’aurait pas reniées : Amorphes, Bêtes, Pantins, Masques, Ombres, Tentaculaires et Indicibles… Autant de menaces que les humains doivent affronter.

La situation pourrait aisément paraître désespérée. Mais comme le dirait le capitaine Rocheclaire, leurs ennemis sont méchants et nombreux, mais les mercuriens aussi. Et ils sont bien armés.
Honoré Rocheclaire maîtrise comme personne le tir et l’art de séduire. Maximilien Rocheclaire a créé les androïdes, ainsi qu’un certain nombre de boissons alcoolisées. Erika Zhaan joue du violon pour enchanter les cœurs et pour détruire ses ennemis. Gare à la doctoresse Artémise Bouquet, dont la douceur cache des nerfs d’acier. Sans oublier l’androïde Ripley dont l’amour pour les gros calibres n’a d’égale que ses répliques à la franchise involontairement corrosive.

Entre aventure et humour, action et dialogues vifs, entrez dans la danse en compagnie des mercuriens !

Ceux du mercure est le premier volume de la trilogie Kerys, de Catherine Loiseau. Auteur de l’imaginaire, elle a déjà publié de nombreuses nouvelles, ainsi qu’une série steampunk humoristique en trois tomes : La Ligue des ténèbres.

Plus d’informations sur : Le site de l’auteur

Automne 1890

Sainte-Victoire, la capitale de Kerys, connaît une paix relative : les brigades du mercure veillent au grain, contiennent les attaques d’Abominations et scellent les failles par lesquelles ces féroces créatures apparaissent.

Cette fragile quiétude vacille quand une bombe explose au cœur de la ville. L’enquête de la police semble impliquer un mécanicien des brigades du mercure. Le capitaine Honoré Rocheclaire doit faire la lumière sur cet incident. Mais rapidement, l’affaire prend des ramifications inattendues. Pourquoi des ressortissants austréniens, nation en froid avec Kerys, se mêlent-ils de la partie ? Que cache Maximilien Rocheclaire, le brillant oncle d’Honoré ? Pourquoi les Abominations, qui jusque-là s’étaient tenues tranquilles, recommencent-elles à attaquer ?

Face à ces questions, les certitudes que les mercuriens tenaient pour acquises pourraient bien voler en éclats…

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Extrait
Un frisson parcourut les rangs. Une femme ferma les yeux, étouffant un sanglot. De pénibles images revinrent à Honoré, celles de son père tombant sous les coups d’une monstruosité venue d’un autre univers, les hurlements de sa mère, ses propres pleurs de terreur. Puis, une douleur fulgurante alors que son corps était marqué à jamais. Un goût amer lui envahit la bouche, celui de l’impuissance. Il le chassa. Il n’était plus ce garçonnet sans défense. Il était désormais un combattant. Il pouvait agir. Il avait de plus des responsabilités, car ces hommes et femmes dépendaient de lui.
— Pour vous, les Abominations sont des monstres de cauchemars, des ombres carnassières. Vous détenez une partie de la vérité, déclara Honoré en effectuant quelques pas. Les brigades du mercure raisonnent néanmoins différemment. Ces intrus sont un opposant que nous avons étudié depuis plus de quarante ans. Vous connaissez sûrement leurs surnoms, mais apprenez la classification établie en fonction de l’ordre d’apparition de nos ennemis et des dégâts qu’ils ont occasionnés.
Les nouvelles recrues se regroupèrent un peu pour mieux entendre.
— Classe zéro : les Amorphes, annonça-t-il. Un amas de chair mouvante et vorace, ne vous fiez pas au chiffre zéro, ces créatures sont redoutables. Classe une : les Pantins, vaguement humanoïdes, recouverts d’une sorte de haillon jaune. Classe deux : les Bêtes de la Nuit. Imaginez un gros molosse avec l’agressivité d’un roquet. Classe trois : les Tentaculaires. Si vous sentez une odeur de poisson pourri, c’est que l’un d’eux approche. Classe quatre : Les Masques. Évitez de les regarder si vous tombez sur eux, votre santé mentale vous en remerciera. Classe cinq : les Ombres. Pas de forme définie, juste une masse sombre grouillante, attention, très dangereux. Classe six…
Honoré se tut et contempla les recrues. Une femme tremblait légèrement.
— Classe six : les Indicibles, poursuivit-il. Nul ne connaît leur vraie apparence. Nul ne sait comment les combattre. Ceux qui les ont rencontrés ne sont plus là pour en parler, ou y ont laissé la raison.
Une demoiselle leva alors la main. Honoré lui donna la parole.
— Je… je…, bafouilla-t-elle avant de se reprendre. Ces créatures, est-ce qu’il existe vraiment une hiérarchie entre elles ?
Honoré sourit et nota le visage de la jeune femme. Une nouvelle qui posait les bonnes questions dès le premier jour…
— Nous n’avons pu établir avec certitude les liens entre les différentes classes, mais il semblerait que les classes zéro et une fassent preuve de peu d’intelligence, alors que les classes supérieures, sans égaler l’Homme, soient plus retorses.
— Que se passe-t-il si nous ne parvenons pas à temps à contenir nos ennemis ?
— Nous l’ignorons, avoua Honoré. Toujours est-il que si nous arrivons trop tard, nous découvrons les failles, toujours ouvertes, mais inactives, et les corps des infortunés qui se trouvaient dans les parages. Mais des Abominations, nulle trace, comme si notre monde n’était qu’un point de passage sur une quelconque route.
Honoré balaya les troupes du regard. La température semblait avoir chuté. Les nouveaux fixaient tous le sol avec attention, comme s’ils observaient l’herbe pousser à travers les pavés. Honoré frappa joyeusement dans les mains, occasionnant un sursaut chez plusieurs d’entre eux.
— C’était la mauvaise nouvelle : ils sont très nombreux et très méchants. La bonne, c’est que nous aussi sommes nombreux et méchants. Et bien armés.
Il tapota l’étui de son pistolet.
— Outre les revolvers, nous possédons des carabines, des fusils de précision, des mitrailleuses, des canons, des explosifs, des armures de combat, des harnais pouvant décupler notre force. Des armes que vous apprendrez à manier lors de votre entraînement. Nous avons construit des véhicules rapides, des dirigeables et des bateaux. Nous comptons dans nos rangs des médecins, des ingénieurs, des mécaniciens et une escouade de scientifiques adorant inventer des choses qui font « boum » ! Alors vous voyez, la situation n’est pas si désespérée ! s’exclama-t-il.
Une moitié de ses interlocuteurs était restée bloquée sur la description des horreurs à tentacules et semblait éprouver des difficultés à partager son enthousiasme. Une autre partie paraissait plus qu’intéressée par l’exposé de l’arsenal et brûlait visiblement d’envie de tester tout ça le plus vite possible. De bons Kerysiens comme Honoré les aimait.

Plus de six mois ont passé depuis la victoire des humains sur les Abominations et la clôture de toutes les failles.

Kerys goûte la paix retrouvée ; Honoré Rocheclaire et Artémise Bouquet convolent en justes noces. La fête sera courte : le moment est venu de secourir Érika Zhaan, retenue prisonnière dans une faille à proximité de Sainte-Victoire. Au cours de leur incursion en territoire ennemi, les mercuriens découvrent l’ampleur de la menace. Les Abominations n’ont pas décidé de passer leur chemin, au contraire, elles semblent avoir trouvé un appui inattendu chez certains humains : les individualistes. Ces nouveaux alliés semblent avoir pour but d’abattre à la fois le gouvernement et les brigades du mercure.

Face à ces menaces, Honoré, Artémise, Erika et les mercuriens vont devoir rivaliser d’ingéniosité et courage…

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Extrait
Une fissure apparut à un mètre de la machine. Les scientifiques louchèrent en sa direction, puis actionnèrent de plus belle les manivelles. La déchirure s’agrandit lentement. L’instrument tressaillit entre les mains d’Artémise. Elle ressentit la présence d’Érika : notes musquées et épicées, maelström d’émotions où dominaient la colère et la rage de vaincre. La jeune femme était proche. La brèche s’élargit jusqu’à atteindre une taille suffisante pour permettre aux mercuriens de la traverser. Labriche et Denier s’arrêtèrent et bloquèrent les manivelles. Le dérouleur gémit, mais tint bon. Artémise réalisa qu’elle avait retenu sa respiration et expira.
— Tout est sous contrôle, annonça Labriche. Nous avons stabilisé le passage.
Si tout fonctionnait comme prévu, ils maintiendraient l’ouverture jusqu’à ce que le groupe revienne. On la refermerait grâce au dérouleur et aux nouveaux explosifs, développés à la suite de la bataille de Sainte-Victoire et du sacrifice de Maximilien Rocheclaire.
Si tout fonctionnait comme prévu.
La doctoresse savait ce qu’ils allaient trouver derrière, elle connaissait cette succession de salles et de couloirs. Elle revoyait le visage d’Érika se tordre pour laisser place à celui de l’Indicible qui l’avait capturée. Elle posa une main sur le violon, paume nue contre le bois. Une tempête l’assaillit : toutes les émotions qui animaient Érika la frappèrent. Elle ressentit sa douleur, sa fatigue, la faim qui la tenaillait, la soif, la peur, la haine, la rage. Cette dernière tourbillonnait comme un feu brûlant et acide. Artémise avait déjà expérimenté ce partage, lors de leur bataille contre Legris l’Indicible. La sensation lui évoquait aujourd’hui le grondement qui précédait une éruption volcanique ou un tremblement de terre. Elle chancela et mit un genou à terre. Honoré se précipita pour l’aider à se relever. Artémise lut la panique dans ses yeux et s’en voulut de le distraire de sa tâche de meneur.
— Tout va bien, capitaine, déclara-t-elle d’une voix forte.
Honoré s’était amélioré pour saisir les allusions qu’elle lançait. Il hocha la tête et se tourna vers les mercuriens. Deux soldats lourdement armés – fusils, canons de montagne et explosifs – prirent place à côté de la machine ; ils restaient pour la protéger d’une éventuelle attaque.
— Mesdames et messieurs, l’heure est venue de montrer à ces choses de quel bois se chauffent les Kerysiens et les Austréniens, je ne vous oublie pas Wilbur.
Armant son fusil, il marcha dans la faille et entra, aussi naturellement que s’il avait passé les portes d’un restaurant chic de la capitale. Artémise admira sa prestance, son absence de peur et son charisme, même si elle voyait clair dans son jeu : Honoré était malade de trouille, tout comme elle.
Elle jeta un coup d’œil aux hommes et aux femmes. À l’expression de leur visage, elle sut qu’ils suivraient le capitaine Rocheclaire où qu’il aille. Calant le violon contre son menton, elle avança à son tour.

Branle-bas de combat à Sainte-Victoire : les Dévoreuses arrivent !

Les mercuriens et leurs nouveaux alliés doivent faire face à la plus grande menace qu’ils aient jamais affrontée et le sort semble se liguer contre eux. Déjà attaqués dans l’ombre par les individualistes de Maréchal et les Indicibles menés par Orchua, voilà qu’un général ambitieux tente de profiter de la situation pour prendre le contrôle des brigades et que la flotte austrénienne attaque.

La plus importante bataille des mercuriens s’annonce bel et bien serrée !

Celles dont le nom fait frémir conclut la série Kerys, trilogie mariant action, steampunk et ambiance lovecraftienne, le tout sous forme de comédie !

Catherine Loiseau est une auteure nordiste de fantasy, science-fiction et steampunk. Elle a publié de nombreuses nouvelles, ainsi qu’une série steampunk humoristique : La Ligue des ténèbres. Quand elle n’écrit pas, elle partage son temps entre la couture de vêtements d’inspiration victorienne et l’apprentissage de l’escrime de la Renaissance italienne.

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Extrait
— Les perturbations proviennent de par-là, déclara Léo.
Elle pointa du doigt une porte au fond sur la droite.
— Allons-y, alors.
Ils s’y engagèrent et débouchèrent sur un couloir, qui menait à une sorte de hall. À gauche montaient des escaliers en colimaçon. À droite partait un couloir où s’ouvraient de petits ateliers. Les mercuriens s’arrêtèrent, le temps qu’Éléonore prenne de nouvelles mesures. Un silence de mort régnait en cet endroit. Honoré n’aimait pas cela.
Un bruit retentit soudain, celui d’un morceau de métal qui tombait. Un deuxième les fit sursauter, un désagréable déclic venu du haut. Honoré leva les yeux. Perché sur un des paliers de l’escalier se trouvait un homme, un fusil à la main.
— Attention ! hurla Honoré.
Il se jeta sur le côté. La balle ricocha là où il s’était tenu. La troupe s’égaya. Les mercuriens partirent se réfugier dans le couloir en face. Honoré n’avait pas le temps de se mettre à couvert.
— Érika ! cria-t-il.
La violoniste et ses musiciens entonnèrent une mélodie discordante qui vrilla les tympans du capitaine. Le tireur se boucha les oreilles. Honoré en profita pour faire feu. Touché à l’épaule, l’individualiste s’écroula. Malheureusement, une autre détonation retentit, un projectile le frôla. Lui, Érika et les musiciens durent s’abriter contre un mur.
— Où est-il ? demanda Honoré
— Gauche, répondit Érika.
— Couvre-moi.
Elle opina et joua de plus belle, projetant le son vers les ennemis embusqués. Il entendit un glapissement de douleur, signe que la voie était dégagée. Il sortit de sa cachette, tira et toucha l’homme. Celui-ci lâcha son fusil avant de ramasser son camarade blessé et de s’enfuir.
— Poursuivons-les ! s’exclama le capitaine.