Illustration de Slava Gerj
Auteur : Julie Limoges | |
Genre : Science fantasy | Public : adulte, jeune adulte |
À la suite d’un cataclysme dévastateur, le monde se noie dans une obscurité constante.
Au cœur de cet univers périclitant, Akhyla et ses compagnons voient leur mission de routine virer au carnage avant de se retrouver pris en tenaille entre deux forces ennemies. Considérés comme des hommes à abattre par la première, ils se voient dès lors obligés de collaborer avec l’autre.
Empêtrés dans ce conflit aussi discret que sans merci, ils s’engagent dans un combat désespéré qui les poussera au-delà de leurs ressources physiques et mentales, jusqu’au bout de l’horreur.
Le Soleil des hommes est un cycle de science fantasy se déroulant dans un monde post-apocalyptique privé de soleil. Une guerre millénaire s’y poursuit entre deux blocs divisés géographiquement avec au Nord les Multins, des peuples jugés difformes et barbares, et au Sud les Humains.
Ces derniers sont en fâcheuse posture depuis que la Peste des morts a frappé leur empire, des décennies plus tôt. La progression de ce mal, qui relève les cadavres pour en faire des créatures voraces et contagieuses, les a poussés à se replier de plus en plus vers le nord, déplaçant ou massacrant les clans multins qui y vivaient.
Depuis quelques années, néanmoins, ils se retrouvent bloqués dans leur fuite par des tribus multines unies sous une même bannière. Ils sont forcés à affronter les hordes décharnées en provenance du sud, acculés contre des frontières qui ne reculent plus. Une situation critique qui pourrait bien causer leur perte, surtout après qu’ils aient eux-mêmes mené aux gibets les Antéires, ceux qui avaient jadis garanti leurs victoires sur les Multins.
Surtout après que la mort elle-même ait décidé d’en finir une bonne fois pour toutes avec les vivants.
Nuit de cendres et Jusqu’au ciel sont les premiers tomes du cycle Le soleil des hommes de Julie Limoges, auteur de nombreuses nouvelles dans les genres de l’imaginaire.
Plus d’informations sur : Le site de l’auteur
Sale temps sur le monde.
Dans la nuit perpétuelle et sous la pluie, la guerre s’apprête à s’abattre une fois encore sur les terres exsangues du royaume des Hommes. Acculés par des hordes décharnées au sud, les Humains doivent à présent faire face aux armées multines prêtes à déferler par le nord.
Non loin de ce nouveau front, Akhyla et son groupe de mercenaires effectuent une mission délicate dans une auberge isolée. Une mission qui prend des allures de piège lorsqu’ils sont abordés par un guerrier aussi curieux que menaçant, puis attaqués par des soudards. Dans la mêlée générale qui s’ensuit, ils parviennent à s’emparer de leur objectif, un vulgaire orbe, avant de fuir pour sauver leur peau.
Réfugiés dans une bourgade voisine avec l’objet dérobé, ils sont loin de se douter que tous les yeux viennent de se braquer sur eux.
Extrait
Le répit qu’il espérait n’arriva cependant pas : quelques mercenaires semblaient encore en état de riposter. Des bruits cotonneux lui parvenaient et une nuée de débris humides se déversait sur lui. Au-dessus, sur les longues rangées de bois, les bouteilles se brisaient en un étrange feu d’artifice silencieux et du verre recouvrait le sol maculé de liqueur autour de lui.
Les soudards canardaient le bar, vraisemblablement à l’arme lourde, et ils avaient bien l’intention de lui faire la peau. Akhyla n’était pas surpris d’un tel déluge de haine après les explosions qu’il leur avait offertes.
Il le fut beaucoup plus par les rondeurs qu’ils mirent dans leur réponse.
Il ne les entendit pas plus tomber qu’il ne les vit rouler jusqu’à ses pieds. En revanche, il les sentit dès qu’elles finirent leur course contre sa cuisse. Sphériques, noires, faites main ; de belles pièces !
Les deux grenades siégeaient entre ses jambes.
Il les regarda, stupéfait. Tout semblait se dérouler dans une infinie lenteur, comme dans un rêve : les bouts de verre qui pleuvaient autour de lui, le bois qui sautait sous les balles, les vapeurs d’alcool qui se dégageaient des fûts éventrés, son envie pressante de pisser et les deux bombes qui allaient bientôt lui emmener la moitié du bas-ventre.
« Oui, des grenades, Akhy… »
Son esprit bloquait.
« Bouge ton cul, abruti ! »
Soudain, tout se remit en marche. Il se projeta sur ses mains, parcourut quelques mètres à quatre pattes avant de se relever au milieu des rafales, courant tel un beau diable. Devant, la rambarde se dressait. Au-delà, le vide l’attendait. Il le réalisait trop tard : il ne pouvait plus renoncer. Il jura.
Il sauta la barrière au moment où le bar explosait sous la pression libérée par les charges.
« Bordel ! » pensa-t-il alors qu’il s’envolait.
« De bordel ! » pendant qu’il s’approchait à toute vitesse de la statue de Pranak.
« De merde ! » juste avant l’impact.
Le choc fut rude. Il prit de plein fouet le rebord de pierre dans l’abdomen et sa tempe heurta un joyau de la taille d’un pied de gamu. Il se cramponna du mieux qu’il put à l’idole… pour glisser tout de même. Par chance, sa main frôla une vieille corde rugueuse pendue latéralement qu’il saisit. Le mince lien ploya sous son poids, mais tint bon, stoppant sa chute.
Le temps presse.
Dans l’ombre et la moiteur, les régiments des Duchés ont submergé Arham. Les défenses du Bastion ont cédé, déversant des milliers de civils affolés dans la sombre forêt environnante.
Séparés de leur groupe, Akhyla et Ekam entreprennent de rejoindre le sud à travers les bois. Leur périple déjà difficile se transforme en une course mortelle lorsque d’innombrables silhouettes apparaissent entre les troncs centenaires.
Toujours bloqué à Arham, Enki renâcle. Il attend l’arrivée du duc Leko, qu’il abhorre. Une inertie d’autant plus insupportable pour le guerrier que ses proies ont pris la poudre d’escampette.
A bord de l’Archon, Aedan et Vaten tentent d’échapper à leurs poursuivants. Ils foncent vers le sud, vers Cress, une cité sans foi ni loi où ils pourraient aussi bien trouver leur salut que signer leur perte.
Alors qu’Humains et Multins se lancent à corps perdu dans une nouvelle guerre, une menace s’éveille dans les terres oubliées du Sud. Un péril aux os saillants et à l’haleine de mort qui a juré d’en finir avec les vivants.
Extrait
La large cuvette autour d’Arham était éclairée d’une telle lueur écarlate que l’on devinait jusqu’au dernier muret des champs de payu. Le moindre de ses pontons paraissait prendre ses aises dans une mare de sang. À côté de leur silhouette rachitique, des carcasses de vaisseaux de toute taille parsemaient un océan irréel.
Plus au centre, la Basse Ville formait à présent une ceinture flamboyante autour des hautes fortifications. Plus aucune forme ne se détachait de cet amas de flammes tourbillonnantes. Les bâtiments colorés, les quais animés, les colporteurs affairés ? Tous dévorés, tous avalés par le feu impitoyable.
Et au milieu de ce brasier insatiable se dressait Arham.
La Ville Blanche disparaissait presque dans la fumée brune dégagée par la combustion de milliers de tonnes de bois. Seul le Veilleur dominait encore ce voile mortuaire de sa masse noire. Sa lumière s’était éteinte et les frégates ennemies avaient repris leur carnage.
L’agonie du Bastion n’avait pas mis fin à la fureur des assaillants. Les dizaines de navires ragoniens continuaient sans relâche leur entreprise de destruction. Ils se focalisaient sur le sud de la cité, et les baraquements autour de la porte subissaient des tirs nourris. L’on ripostait toujours depuis le sol. Avec une obstination désespérée, à en juger par les déflagrations sinistres qui se succédaient sans discontinuer.
Les Porteurs de guerre sont là.
L’invasion multine se poursuit et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Elle menace maintenant de fondre sur Atorn, la capitale des Régions.
Bien inconscient de ce danger, Akhyla se remet difficilement de ses blessures à Vach-Tyrel. Lui et ses compagnons cherchent déjà à fausser compagnie à ces Porteurs bien trop encombrants.
Enki, de retour à Arham les mains vides, redoute de subir réunions et humiliations, d’autant qu’on annonce la venue de celui qu’il doit appeler, à regret, maître.
Toujours à jongler entre l’urgence de la situation et la mission de son Ordre, Aedan doit maintenant composer avec ses hôtes récalcitrants. Et voilà qu’il se retrouve en plus propulsé, lui et ses alliés de circonstance, sous le feu des projecteurs.
Cependant, alors que tous attendent de croiser le fer devant Atorn, c’est une dangereuse danse diplomatique qui se met en place. Jetés sur un échiquier mortel, tous devront sortir le meilleur de leur jeu. Car si l’acier est le symbole de la cité, dans son ventre pourrait se trouver bien plus qu’une passe d’armes décisive.