La Ligue des ténèbres, de Catherine Loiseau

Auteur : Catherine Loiseau
Genre : Steampunk geek             Public : adulte et jeune adulte

La Ligue des ténèbres a vu le jour dans le Londres des années 1880. Elle est composée de quatre personnes : Edmund Nutter, inventeur ; lady Astley, arnaqueuse ; Thomas Wiseman, voleur à la petite semaine et Samantha Wiseman, la caution santé mentale du groupe. Grâce à leur machine à voyager entre les mondes, ils transitent d’univers en univers. Leur but : conquérir l’un de ces mondes !

La Ligue des ténèbres est née en 2013 pour un appel à texte dont le thème était « Quand les ténèbres viendront ». J’ai donc créé ce groupe de quatre Londoniens pas très doués, qui tentait de conquérir un monde. Ce qui devait n’être qu’une nouvelle a pris de l’ampleur et la Ligue est née.

Les aventures de Tom, de Ginger, du professeur et de Sam m’ont permis d’explorer moult mondes et de rendre hommage à tous les genres de l’imaginaire qui ont bercé mon enfance, mon adolescence et continuent d’illuminer ma vie d’adulte.

Je suis ravie de vous présenter la Ligue au sein du catalogue Hydralune, j’espère que leurs péripéties vous raviront. Bienvenue à bord de la Tédesplen !

Plus d’informations sur l’Instagram de l’auteur.

Vous connaissez les pensées de Sam, mais qu’en est-il de ses compagnons? Comment ont-ils vécu les aventures de la Ligue?

Pourquoi le professeur Nutter court-il après le lapin blanc ? Comment Thomas a-t-il conçu le plan qui allait libérer sa sœur d’Eudaimonia ? Quel est l’art de la diversion de Ginger ? Les réponses à ces questions se trouvent dans les coulisses de la Tédesplen !

Découvrez pour chaque épisode une couverture, une aventure bonus du point de vue de Ginger, Tom ou du professeur, ainsi que quelques anecdotes sur la création des illustrations.

Le vieil homme hocha la tête. Elle distingua dans ses yeux une lueur familière, celle des pigeons que Tom avait réussi à piéger. Elle esquissa un sourire satisfait. Voilà pourquoi elle avait décidé de s’allier de nouveau à lui. Tom était un charmeur né, capable de vendre de l’eau à des poissons.
Ginger l’observa poursuivre sur sa lancée. Il flatta monsieur Nutter, lui promit monts et merveilles et lui fit miroiter toutes sortes de récompenses. Le savant, d’un naturel qu’elle devinait naïf, n’était pas de taille contre Tom, et au bout de quelques minutes de discussion, il les emmena vers son arrière-boutique.
Elle se souvenait d’une salle entraperçue, aux établis croulant sous le matériel et les pièces détachées de montres. Mais elle se rappelait aussi de plans étranges et d’engins biscornus. Malheureusement, le réparateur jeta une couverture sur une table tandis qu’ils entraient. Elle échangea un regard frustré avec Tom. Il lui adressa un clin d’œil pour lui signifier qu’il maîtrisait la situation.
— Alors, mon cher monsieur. Qu’avez-vous donc à nous proposer ?
— Hum, j’aurais bien ce coucou électrique. Une vraie innovation. Voyez plutôt.
Il tira d’un fatras de planches et rouages une horloge peinte dans un vert assez criard et l’actionna. Une chose emplumée, qui devait représenter un oiseau, sortit et poussa un hurlement à glacer les sangs.
— Qu’en pensez-vous ? s’enquit le vieil homme d’un air radieux.
— Ce n’est pas tout à fait ce que nous cherchons, répondit Tom avec diplomatie.
— Quoique, comme arme de guerre, pourquoi pas, grommela Ginger.
— Vous dites ?
— Attention à la tête, le plafond est bas.
— Ah oui, je sais. J’ai essayé de le rehausser, mais c’est compliqué. Il faudrait abattre une partie des murs.
— Et donc, monsieur, que pourriez-vous nous proposer d’autre ? demanda Tom.
— Hum, j’aurais bien ceci.
Il attrapa une sorte de cloche et la souleva. Elle abritait une jeune fille vêtue d’une cape rouge et un loup. Nutter actionna le mécanisme, et le prédateur se mit à tourner en rond en poursuivant la donzelle. L’ensemble était joli, à n’en point douter, mais pas ce que Ginger recherchait. Elle était pourtant sûre d’avoir vu des plans d’armes. Tom lui adressa un regard interrogateur, auquel elle répondit par une grimace lui signifiant de faire son boulot et de tirer les vers du nez de l’homme. Après tout, c’était pour ça qu’elle l’avait inclus dans cette opération.
Tom déploya tout son charme et son bagou pour obtenir du vieux fou mieux que de l’horlogerie. Sans grand succès. Il fallait reconnaître à monsieur Nutter une certaine inventivité. Ses créations étaient surprenantes. Aiguilles qui tournaient à l’envers, montre à gousset, pistolet à eau, pendule sauteuse. Hélas, rien de vendable.
Ginger commença à perdre patience. Thomas s’échinait à maintenir le fabricant dément sur les rails d’une conversation logique. La jeune femme poussa un grognement. Ce bon à rien de Tom échouait une fois de plus. Lui qui lui avait assuré pouvoir se sortir de toutes les situations, voilà qu’il s’empêtrait dans des histoires de rouages.
Elle se mit à fureter dans l’atelier, pendant que Tom essayait de faire comprendre à son interlocuteur ce qu’il voulait exactement. Des plans étaient affichés au mur. De l’horlogerie, des rouages, des mécanismes. Ginger songeait qu’elle avait rêvé les croquis bizarres de l’autre fois, quand son regard tomba sur une feuille qui avait glissé sous un établi. Elle la ramassa et l’observa. Sans être une experte, le dessin ressemblait beaucoup à celui d’une arme. Fusil à bulle temporelle, si l’on en croyait la légende. Elle haussa un sourcil. Allons bon, quelle était encore cette fumisterie ?
— Eh non, ne touchez pas à ça !
Elle leva la tête. Une expression de panique intense tordait le visage de l’inventeur. La peur se lisait dans ses yeux. Une pensée traversa l’esprit de Ginger : il réagissait ainsi parce que le plan était précieux et que le fusil devait fonctionner. La jeune femme roula le papier et indiqua d’un geste du menton à Tom de s’occuper de la situation.
— Rendez-moi ça ! s’écria monsieur Nutter.
Il s’avança vers elle avec un air mi-suppliant, mi-angoissé.
— Ne vous inquiétez pas, tout va bien, le rassura-t-elle.

La Ligue des ténèbres a vu le jour dans le Londres des années 1880. Elle se compose de quatre personnes : Edmund Nutter, inventeur ; lady Astley, arnaqueuse ; Thomas Wiseman, voleur à la petite semaine et Samantha Wiseman, narratrice à la tête sur les épaules et au caractère bien trempé.

Ayant par hasard construit une machine à voyager entre les mondes, la Ligue des ténèbres voyage avec un but : conquérir l’un de ces mondes ! Plus facile à dire qu’à faire, hélas, surtout quand les inventions du professeur se détraquent ou que l’un des plans soi-disant sans faille de Tom et Ginger tombe sur un os…

Cette édition regroupe les huit premiers épisodes de la Ligue des ténèbres, agrémentés d’un épisode bonus inédit : les géants de glace.

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Extrait 1

La porte de la boutique était fermée, je fis le tour et m’engageai dans la ruelle où débouchait son atelier, son « entrée des artistes », comme il le disait. De la lumière filtrait à travers les volets. Tant mieux, il n’était pas encore couché, je n’allais pas le réveiller. Je frappai à la porte, mais n’obtins pas de réponse. Je réessayai. J’entendis une exclamation.
— Professeur ?
Je tournai la poignée. La porte n’était pas verrouillée, je la poussai et entrai. D’ordinaire, l’atelier et les établis croulaient sous des pièces d’horlogeries, des plans, mais le sol demeurait propre. Or, tandis que je refermai le battant derrière moi, je constatai le désordre qui régnait. Des croquis de montres et de machines étaient éparpillés partout sur le plancher. Un encrier renversé sur une table coulait goutte à goutte sur le parquet. Le professeur Nutter était assis au milieu de ce désastre. Il se massait la tête. J’accourus vers lui. Une énorme bosse ornait son front, maculée d’un peu de sang séché.
— Ne bougez pas, m’écriai-je.
Je filai jusqu’à une étagère où le savant rangeait une petite trousse de secours. J’en tirai un peu de teinture d’iode et de la gaze, et nettoyai le front du professeur. Plus de peur que de mal, apparemment, il en serait quitte pour une bonne contusion.
— Que s’est-il passé ? demandai-je.
— Samantha ! On m’a cambriolé !
Mon cœur fit un bond à ces mots.
— Vous allez bien ? On vous a dérobé quelque chose ?
Mon regard se tourna vers la caisse dans le magasin. Elle était encore en place.
— Ils ont emporté une partie de mes plans ! geignit le vieil homme.
Il adorait bricoler des machines plus bizarres les unes que les autres : retourneur de temps, géolocalisateur, flairoscope… Ces inventions loufoques avaient un élément commun : elles ne fonctionnaient pas. Je me détendis.
— Ce n’est pas grave. Nous les retrouverons, je vous le promets. Nous allons ranger tout cela et je vais vous faire une bonne tasse de thé. Nous irons trouver la police demain.
Le professeur m’agrippa, l’air paniqué.
— Tu ne comprends pas ! Ils ont volé les plans de mon fusil à bulle ! C’est une catastrophe !
— Votre fusil à bulle ?
Je m’efforçai de ne pas sembler trop sceptique ou moqueuse. Le professeur m’observa, avant de soupirer.
— Je pense qu’il est temps que je te montre.
Il fouilla sous un tas de ferrailles et mécanismes rouillés. Il en extirpa un pistolet de forme biscornue, à l’étrange canon large. Il attrapa une roue dentée et la jeta. Il leva l’arme et tira. En jaillit un éclair qui se mua en une sorte de sphère irisée lorsqu’il toucha l’engrenage. Celui-ci resta figé dans les airs, comme si le temps s’était arrêté.
La journée avait été longue, je demeurai quelques instants à fixer le morceau de métal suspendu au-dessus du sol, me demandant si je rêvais ou non. Mais à la mine d’Edmund Nutter, il s’agissait bien de la réalité.
J’avançai prudemment et tendis la main pour toucher la roue. Je ne pus traverser la sphère ni la faire bouger, malgré tous mes efforts. Je restai bouche bée. Soudain, la bulle disparut et l’engrenage tomba. Je sursautai.
— Pistolet à bulles temporelles ! m’informa le professeur d’un ton où perçait sa fierté. Ma dernière invention ! Bon, les effets ne sont que temporaires. Il va falloir que je travaille là-dessus. Peut-être en changeant les lignes de mana… Oui, c’est une idée.
Le professeur se mit à marmonner tout bas en regardant le pistolet. Ma présence et le vol lui étaient sortis de la tête. Pour ma part, je n’étais pas prête d’oublier ce que je venais de voir. Je bataillai un moment pour retrouver l’usage de la parole, avant de m’exclamer :
— Je croyais que rien de tout ce fourbi ne fonctionnait !
Le professeur releva la tête et me fixa, comme s’il me voyait pour la première fois.
— Oh, c’est le cas pour une grande partie de mes inventions, je te l’accorde. Mais tout de même, j’arrive à fabriquer quelques objets fonctionnels autres que des montres et des horloges !

Extrait 2

Je contemplai un ciel sans étoiles et un chemin de briques jaunes bordées de réverbères, qui s’étaient substitués à l’atelier du professeur Nutter.
— Nous sommes en train de rêver ? chuchota Ginger.
— Si c’est un rêve, il a l’air bien réel, déclarai-je.
— Ce n’est plus Londres, constata Tom avec son habituel sens de l’observation.
— Non, en effet, murmurai-je.
J’hésitai un bref instant, puis sortis de l’habitacle de la machine. Les autres me suivirent, et nous restâmes un long moment sans voix, à regarder aux alentours. Ginger Astley avait pris le bras de Thomas, mon frère roulait des yeux effarés, tandis que le professeur demeurait bouche bée. Je me frottai plusieurs fois les tempes et me pinçai pour m’assurer de ne pas rêver.
— Où sommes-nous ? demanda Lady Astley. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— C’est étrange… murmura Tom, le regard rivé sur la voûte céleste. On dirait… un autre monde.
— Oh, un lapin ! répondit le savant.
J’avais de la peine à me détacher du ciel et de cette allée de pierres ocre. Le bas-côté était plongé dans l’obscurité la plus totale et, quand je voulus m’en approcher, une force invisible me repoussa. Je saisis le message : interdiction de dévier de la route. La peur que je ressentis me tira de la torpeur et je retournai dans l’habitacle de la machine. Nous devions partir.
Hélas, plus facile à dire qu’à faire : du générateur s’échappait une mince fumée verte, tandis que les aiguilles des compteurs tournoyaient follement. Sans être la conceptrice de cet engin, je réalisai bien qu’il ne risquait pas de redémarrer. En y réfléchissant, c’était déjà un miracle que le prototype ait fonctionné sans exploser. Thomas se pencha par-dessus mon épaule.
— Qu’est-ce qu’il a, le moteur ? demanda-t-il.
— Je l’ignore, avouai-je. Professeur ! J’ai besoin de vos lumières.
— Euh, Sam, je crois qu’il poursuit un lapin invisible, me répondit Lady Astley depuis l’extérieur.
Je poussai un juron et me ruai hors de la machine. Effectivement, Edmund Nutter filait le long de la route en gambadant. J’adressai un regard à Ginger.
— Et tu ne pouvais pas l’empêcher de courir comme ça ?
— Je regardais le ciel ! tenta-t-elle de se justifier.
L’heure n’était pas aux prises de bec, j’abandonnai donc la partie.
— On file le rattraper, décrétai-je.
— Mais, et la machine ? On la laisse comme ça ? s’inquiéta Ginger.
— Elle ne fonctionne plus et la seule personne capable de la réparer chasse le lapin imaginaire ! m’exclamai-je.
Lady Astley se rangea à mon argument. Mon frère par contre semblait plus réticent.
— Pourquoi devons-nous le suivre ? Ça m’a l’air dangereux de s’aventurer par là.
Tom, courageux mais guère téméraire.
— Parce que si tu ne viens pas avec moi, j’abats une clé à molette sur ton crâne de piaf.
— Bon, bon, pas la peine de le prendre comme ça.

Tout roule pour la Ligue des ténèbres ! À bord de la Tédesplen, le professeur Nutter, Ginger Astley, Tom et Samantha Wiseman voyagent de monde en monde, cherchant toujours à conquérir l’un d’eux. Leurs plans sans failles se trouvent soudain contrariés par l’Union des parfaits, un groupe qui s’est autoproclamé la Némésis de la Ligue des ténèbres. Combats et coups fourrés s’enchaînent au rythme des voyages.
Jusqu’où ira cet affrontement ? Il n’est pas sûr que Sam et ses compagnons en ressortent indemnes…

Cette édition regroupe les épisodes 9 à 16, agrémentés d’un épisode bonus : La Chambre forte.

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Extrait 1

Un peu échaudés par nos précédents voyages, et notamment par un atterrissage dans une jungle et une rencontre avec des singes tueurs, nous attendîmes un moment, scrutant les environs. Personne ne se montra, aucune créature assoiffée de sang ne cogna aux vitres de la Tédesplen, Thomas jugea qu’il était temps de sortir.
Il déverrouilla la porte, se glissa au-dehors et alla voir au bout de la ruelle.
— Vous devriez venir ! nous appela-t-il. Ça vaut vraiment le détour.
Rien ne menaçait de nous attaquer, aussi nous risquâmes-nous à l’extérieur et rejoignîmes Thomas. Je remarquai le ciel bleu et la chaleur étouffante. Arrivée au bout, la lumière crue m’aveugla. Mes yeux mirent quelques secondes pour s’habituer, mais je dus convenir alors que mon frère avait raison : le spectacle était à couper le souffle. Devant nous s’étalait une esplanade au milieu de laquelle se dressait un immense édifice rond. Des colonnes sur le pourtour délimitaient ses trois étages. Une foule dense se pressait aux entrées et de l’intérieur montait un brouhaha assourdissant.
— On dirait…, commença Ginger.
— Un cirque ! Comme à Rome ! s’écria le professeur.
Et avant que nous ayons pu tenter quoi que ce soit, il se rua en direction du bâtiment. Avec un soupir collectif, nous le suivîmes.
Les premières personnes que nous croisâmes portaient des tuniques de lin clair, dans une mode qui n’était pas sans rappeler les statues grecques et romaines. Elles tournèrent la tête et nous étudièrent avec curiosité, murmurant quelques paroles entre elles. Je pensais vraiment que nous étions revenus dans la Rome antique, quand j’aperçus une silhouette dépasser la cohue : une femme vêtue d’une robe blanche et coiffée d’un casque. Elle tenait un bouclier et une lance. Il émanait d’elle une sorte de lumière dorée. Une idée me frappa : cette inconnue n’était pas humaine. Je sursautai et lorgnai vers Ginger et Tom, pour obtenir la confirmation qu’ils avaient bien vu comme moi.
— Ça alors ! s’exclama Thomas.
— Regardez ! Des chevaux ailés ! s’écria Ginger.
Elle pointa un char qui venait d’atterrir à l’autre bout de l’esplanade. Le professeur Nutter nous tira de notre contemplation.
— Hého ! Par ici ! appela-t-il.
Il nous fit signe depuis une grille ouverte dans les flancs de l’amphithéâtre.
— J’ai trouvé une entrée !
J’hésitai un instant, mais Tom et Ginger se montrèrent plus rapides que moi. Mon frère m’attrapa par le bras.
— C’est le moyen de rentrer sans payer, souffla-t-il.
Sur les talons du savant, nous nous retrouvâmes dans un souterrain. L’air était agréablement frais et humide. La pénombre des lieux me surprit après la clarté du dehors. J’aperçus une lumière qui brillait au bout du couloir. Nous la suivîmes. La rumeur que j’avais entendue à l’extérieur revint pour gagner en force.
Le passage se terminait par une porte. Un groupe s’y massait. Les hommes étaient torse nu, tandis que les femmes portaient de longues tuniques blanches plissées. L’une d’elles poussa un cri à la vue de Thomas.
— Ils nous ont envoyé un nouveau Persée !
Il ne fallut à Tom qu’une seconde, et une œillade échangée avec Ginger, pour se décider à entrer dans le jeu. Il se para de son plus beau sourire conquérant.
— Eh oui, c’est bien moi. Je ne vous ai pas trop fait attendre ?

Extrait 2

Nous nous avançâmes avec prudence et je poussai un soupir de soulagement en trouvant là Tom, Ginger et Edmund Nutter, qui faisaient face à l’Union des parfaits. Je notai ensuite que tout ce petit monde semblait avoir vécu un moment assez pénible.
Lord White était tout aussi nu que lorsque nous l’avions vu, et tentait de se cacher tant bien que mal avec la veste d’Ann Sharp. Cette dernière était trempée comme une soupe, ses longs cheveux pendouillaient autour de son visage et elle affichait l’air malheureux d’un chat persan qui vient d’essuyer une averse. Le professeur Nutter et le docteur Amok se toisaient avec animosité. Ils disparaissaient presque sous une épaisse couche de suie. Les vêtements de Tom étaient en lambeaux, comme si quelqu’un s’était attaché à les découper en lanières pas plus larges qu’un inch. Quant à Ginger, ses habits portaient des traces de brûlures et morsures, et elle avait perdu l’une de ses chaussures.
— Mais que s’est-il passé ? nous exclamâmes en chœur Will et moi.
— Des singes exhibitionnistes…, gémit lord White.
— Un kraken d’eau douce, sanglota Ann Sharp.
— Les bombes de cet idiot ! cria Amok.
— Les grenades de cette harpie ! cracha le professeur Nutter.
— Un robot cuisinier fou, expliqua Tom.
— Des dragonnets qui m’ont prise pour leur mère, conclut lady Astley.
Je le regardai, puis échangeai un regard avec Will. Sans avoir besoin de parler, nous comprîmes que nous partagions la même opinion : nous nous en étions vraiment bien tirés !
— On forme une fine équipe, n’est-ce pas ? me souffla-t-il.
— Non, car tout ceci est de votre faute ! lui assénai-je.
Il leva les yeux au ciel.
— Allons, nous ne sommes pas si méchants…
Je nourrissais quelques doutes quant à cette affirmation.
— En attendant, bons ou mauvais je m’en fiche, tout ce que je désire, c’est un bain chaud ! lança Ann Sharp.
— Moi je voudrais surtout aller dormir, soupira Ginger.
— Et moi, j’aimerais oublier jusqu’au dernier détail de cette soirée ! clama le professeur Nutter.
Une fois n’était pas coutume, l’intervention de mon mentor nous apparut comme la voix de la sagesse.
— On pourrait peut-être faire comme si rien ne s’était passé, risqua lord White.
Le silence s’étira quelques secondes, avant que Ginger ne le rompe.
— Passé quoi, au juste ? demanda-t-elle avec une ombre de sourire.

La Ligue des ténèbres a vaincu l’Union des parfaits et continue ses voyages au jour le jour. Cette confortable routine se trouve brisée par l’irruption d’une personne bien connue de Samantha…

Dans son sillage, les voyages de la Ligue vont prendre un tournant mouvementé, entre fin du monde, monstres assoiffés de sang et voyage fantasmagorique. De nombreux dangers guettent Ginger, Tom, le professeur Nutter et Samantha, car de vieux ennemis qu’ils croyaient vaincus les guettent dans l’ombre. Une chose est sûre : les voyages touchent à leur fin…

L’Appel est la troisième et dernière saison de la Ligue des ténèbres. Cette édition regroupe les huit épisodes de la saison, agrémentés d’un épisode bonus : le château aux monstres.

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Extrait 1

La nuit était tombée sur le désert. Les vaisseaux seraient à l’arrêt tant que l’obscurité durerait. Tout le monde respectait les lois, car nous nous trouvions désormais trop proches les uns des autres pour pouvoir avancer sans que nos concurrents le voient et le rapportent aux autorités. Cela dit, la règle de l’immobilité s’appliquait aux appareils, pas à l’engin que je portais sur le dos. Je lorgnai d’un air inquiet sur mon harnais et sur les réacteurs.
— Vous êtes sûrs que ça ne va pas me griller le postérieur ? m’enquis-je, au moins pour la vingtième fois.
— Ne t’en fais pas, Samantha, j’ai pensé à tout. Les moteurs généreront une flamme trop petite pour te causer du tort. En plus, avec les silencieux que j’ai ajoutés, tu pourras t’approcher sans crainte. Les poignées directionnelles sont ma dernière invention. Une bricole que je voulais essayer pour la Tédesplen. Tu pourras les tester en avant-première, n’est-ce pas merveilleux ?
À la lueur des lanternes, l’expression ravie du professeur me fit froid dans le dos. Mon frère me tapota l’épaule.
— Tout se passera bien, Samantha.
J’avais l’impression qu’il cherchait plutôt à se rassurer qu’à me détendre. Je lorgnai vers le vaisseau chromé amarré devant nous. Mes prédictions s’étaient révélées en partie fausses : il nous avait dépassés en fin d’après-midi. Et nous ne pouvions pas laisser ceci impuni.
Je me rappelai que je m’étais portée volontaire pour la suite, qu’il s’agissait plus ou moins de mon idée. Ce qui ne m’empêcha pas de pousser un profond soupir.
— Quand il faut y aller…
J’abaissai mes lunettes de pilotage, courus sur l’étrave de la Tédesplen et me jetai dans le vide. J’eus l’impression que mon estomac cherchait à grimper dans ma gorge, j’actionnai les propulseurs et déployai les ailes. Ma chute ralentit, et se vit remplacée par une agréable sensation de vitesse. Le corps à l’horizontale, je planais comme un oiseau. Je frôlai le sable du sol, avant de manœuvrer les poignées directionnelles. Je remontai alors en flèche. J’effectuai quelques vrilles ascendantes, puis me stabilisai. J’exultai. L’invention du professeur fonctionnait à la perfection ! Non seulement je volais, mais en plus je ne produisais presque aucun bruit.

Extrait 2

Nous arrivâmes à Providence City alors que le jour se levait. Au fur et à mesure que le brouillard de l’Entremonde disparut, la ville se révéla à nous dans toute sa démesure. Nous aperçûmes d’abord des silhouettes titanesques, qui se révélèrent être celles d’immeubles à la taille impressionnante. Les derniers lambeaux de brume se dissipèrent et nous pûmes admirer le soleil se reflétant sur des centaines de vitres.
— Eh bien, commenta Ginger, voilà qui est tout à fait époustouflant.
Tom, qui avait réussi à faire atterrir la Tédesplen dans une rue déserte, coupa les moteurs. Nous sortîmes, miniaturisâmes notre machine que je passai autour de mon cou, et nous rendîmes à l’angle de la ruelle et d’une avenue, bien plus peuplée celle-là. Des voitures vrombissaient le long de la chaussée. Elles ressemblaient un peu aux véhicules croisés à Devil’s Peak, mais en plus massives. De leur capot allongé provenait un son bien plus grave que celui émis par les voitures que j’avais pu voir au hasard des mondes. Je devais leur reconnaître une allure phénoménale, à la fois puissante et élégante.
J’entendis des klaxons retentir dans l’air. Vu la taille des constructions, nous nous trouvions visiblement dans une métropole assez peuplée.
— Une petite visite ? demanda lady Astley.
Tom lui prit le bras, le professeur Nutter fit de même pour moi, mais gâcha la galanterie de son geste en sautillant.